Votre trésor de guerre est-il en sécurité? Savez-vous vraiment qui est cette personne qui gère vos placements, alors que vous ne l’avez rencontrée que pendant deux heures, il y a trois ans?
Le 17 juillet dernier, le conseiller en sécurité financière Claude Martineau, de Trois-Rivières, est radié pendant trois mois. Il a contrefait la signature d’un client sur des formulaires. Il a aussi fait faussement croire que ses honoraires seraient remboursés à ses clients. De plus, il a remis des reçus d’impôt à des clients pour que ces derniers puissent les déduire. Mais ces reçus étaient des faux.
Le lendemain, Yannick Lessard, un conseiller de Montréal, a perdu le droit de pratiquer son métier pendant cinq ans. Il a incité une cliente à investir 40 000$ dans des actions d’une compagnie minière alors qu’il n’avait pas de permis pour le faire, ni prospectus, ni document. Pire : il a demandé à sa cliente de contracter une hypothèque et avait garanti personnellement son remboursement, se plaçant ainsi en conflit d’intérêt.
Le 25 juillet, le conseiller Christian Pitre, de Québec, est radié pour deux mois. Il avait fait signer des formulaires en blanc à ses clients. Il a écopé d’une amende de 24 000$.
Ces trois exemples récents de décisions du Comité de discipline de la Chambre de sécurité financière, qui encadre 31 000 conseillers au Québec, démontrent qu’il faut toujours être prudent quand on confie son argent à quelqu’un, qu’il soit indépendant ou rattaché à une institution financière. Le syndic de la Chambre a ainsi une quarantaine de dossiers à l’étude de conseillers congédiés par les banques pour fautes professionnelles, depuis un an.
Méfiez-vous!
Au lieu de vous fier à votre beau-frère, qui vous a présenté un conseiller qu’il considère comme un ami, posez des questions à ce dernier quand vous allez le rencontrer. Surtout la première fois. La plupart des victimes d’Earl Jones, le faux conseiller qui a volé entre 30M$ et 50M$, le considéraient justement comme un ami. Ils avaient fait affaires avec lui parfois depuis des décennies.
Toutefois, seulement le quart de ceux qui font affaires avec un conseiller se sont renseignés sur ce dernier, indiquait un sondage SOM publié il y a deux ans pour Question Retraite, un organisme indépendant de planification de la retraite. Rappelez-vous l’importante campagne publicitaire de l’Autorité des marches financiers, « Avant d’investir, investiguez »…
Faites votre enquête
Commencez par vérifier au registre de l’AMF si votre conseiller y est inscrit. Mais ce n’est pas assez, car la conseillère Carole Morinville, qui a fraudé 60 investisseurs pour 3M$, y était inscrite. Vérifiez aussi si votre conseiller a écopé de sanctions disciplinaires.
Lisez aussi le guide sur la fraude disponible sur le site internet de l’AMF, sous le menu « Prévenez la fraude ». Et surtout, n’hésitez pas à poser des questions (v. encadré). Beaucoup de questions.
Encadré
Les questions qu’il faut poser
- Quels sont vos diplômes? (géographie ou placement?)
- Quelles sont vos spécialités? (courtage, épargne collective, assurance, planification financière?)
- Quels sont les frais? Quelle sera la facture totale? (la réponse devra être claire : à l’heure ou au pourcentage de l’actif)
- Quelle est votre philosophie de placement? (ex. : Protéger le capital? Faire fructifier mon épargne?)
- À quoi faut-il que je m’attende avec mes rendements à court et long terme?
Les questions qu’il faut se poser
- Est-il ou son cabinet est-il inscrit au registre de l’AMF?
- A-t-il déjà fait l’objet de sanctions disciplinaires?
- A-t-il engagé une bonne discussion sur ma tolérance au risque? (c’est fondamental)
- M’a-t-il parlé d’un rendez-vous l’an prochain?
- Est-il trop expéditif dans ses explications?
- Prend-il le temps de tout m’expliquer, avec un langage clair?
- Ai-je reçu un rapport trimestriel ou mensuel?
Les signaux d’alarme
- Il m’a fait signer un document ou un chèque en blanc
- Il ne m’a pas fait signer de formulaire
- Il m’a fait signer un chèque à son nom au lieu de celui de son cabinet ou de son institution financière
- Je ne l’ai pas rencontré depuis deux ans
- Il ne m’écrit pas chaque année pour m’inviter à son bureau
- Il m’offre un rendement mirobolant, plus de 8% sur un an par exemple…
- Il ne me donne pas de raison pour expliquer mon rendement depuis peu à la baisse ou en forte hausse