Le piège des chèques de cartes de crédit
Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, pages Argent, 3 novembre 2012
On peut lire l’article ici.
Méfiez-vous des chèques en blanc ou à votre nom émis par les cartes de crédit. On vous promet un taux d’intérêt très alléchant, mais c’est une attrape monumentale.
Prenez le cas de Jean-Pierre, qui est loin d’être illettré en matière de finances personnelles. Alléché par le faible taux de 1,99%, il utilise deux chèques de 1000$ de Visa RBC. Quelques jours plus tard, sur internet, il aperçoit la transaction avec intérêts à 1,99%. Tout va bien.
Les semaines passent et il fait plusieurs achats avec sa carte Visa RBC. Puis, stupeur, sur son état de compte, on applique un taux d’intérêt de 19,99% sur ses achats! Ce n’est pourtant pas ce qu’il avait lu dans les clauses écrites en très petits caractères.
Estomaqué, il téléphone chez Visa RBC et on lui explique, très mal, le fonctionnement de ces chèques. Il comprend qu’il n’a pas à payer cet intérêt s’il rembourse ses achats avant la date d’échéance. Ce qu’il fait prestement, sans rembourser le solde de 2000$ des deux chèques. Le mois suivant, il constate que Visa lui a encore facturé de l’intérêt sur ses achats courants, même s’il a remboursé leur solde au complet avant l’échéance.
Pas clair
On lui a offert des chèques à faible taux d’intérêt, mais on a « oublié » de lui dire qu’il ne devait effectuer aucun achat avec sa carte à partir du moment où il utilisait ces chèques. Sinon, le taux courant de sa carte, de 19,99%, s’applique.
En fait, on ne lui a jamais mentionné que ces chèques constituaient une avance de fonds. Comme s’il en avait effectué une à un guichet automatique avec sa carte Visa. Le calcul des intérêts pour ces avances s’applique dès qu’on dispose des fonds, contrairement aux achats, qui bénéficient d’une période de grâce de 21 jours après la date du relevé de la carte. Jean-Pierre a cessé d’utiliser sa carte jusqu’au remboursement des 2000$.
Ottawa a resserré dernièrement les règles. Les émetteurs ne peuvent plus envoyer ces chèques à leurs clients sans leur consentement. Et ils doivent afficher tous les frais et les taux concernant leur utilisation lors de toute demande de carte de crédit ou de chèque de carte de crédit. Mais le manque de clarté persiste.
Plusieurs banques affichent encore ces petites clauses dans les contrats de cartes de crédit, qui englobent l’utilisation des chèques qui s’y rattachent, une pratique qui s’apparente à une omission d’information importante, qui est censée être interdite par la réglementation.
De plus, les nouvelles règles obligent les émetteurs à appliquer le remboursement effectué par le client à la dette qui coûte le plus cher (dans le cas de Jean-Pierre, ça aurait dû être les achats à 19,99%). Ou bien de manière proportionnelle entre les différentes tranches de dette (en partie sur les achats, en partie sur les avances de fonds).
Le problème, c’est que certains émetteurs appliquent les intérêts les plus élevés aux achats récents, même remboursés avant la fin de la période de grâce de 21 jours, parce qu’il y a eu des retards sur le remboursement d’achats ou d’avances de fonds antérieures. Cette méthode de calcul est pourtant interdite.
La meilleure façon d’éviter de payer des intérêts élevés sur vos emprunts, c’est de vous tenir loin des chèques de cartes de crédit. Car les émetteurs expliquent très mal les subtilités de leurs méthodes de calcul des intérêts. Même si, désormais, ils affirment clairement sur leurs sites internet que ces chèques constituent des avances fonds.