Rhymes for Young Ghouls – Un film de suspense fantastique tourné à Kahnawake
Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, 8 décembre 2012 On peut lire l’article ici. Le réalisateur Mohawk Jeff Barnaby tourne actuellement à Kahnawake les dernières scènes de son long métrage « Rhymes for Young Ghouls » (littéralement « Rimes pour jeunes Ghouls »), un thriller au budget de 1,4 M$, qui prendra l’affiche au printemps. QMI était sur le plateau, lundi dernier. Le film puise à plusieurs styles : horreur, action, fantastique, drame. Sur le plateau de tournage, on évoquait même la présence de spectres-zombies, qui peuplent certaines scènes! L’histoire se déroule sur la réserve fictive de Red Crow, en 1976. On suit le parcours d’Aila, interprétée par la jeune comédienne Devery Jacobs. L’adolescente Mi’gMaq de 14 ans est orpheline après le suicide de sa mère et l’emprisonnement de son père (joué par Glen Gould). Elle est « élevée » par son oncle (Brandon Oakes), une homme confus et intoxiqué, qui a tout un projet pour la jeune fille : en faire la princesse de la marijuana de la réserve! À sa sortie de prison, le père cherche la rédemption pour ses actes mais se butte rapidement à son frère, qui ne tolère aucune interférence avec son commerce de drogue. Il vit aussi un autre choc : sa fille n’a plus besoin de lui… Et il a un autre personnage sur son chemin : Popper, un administrateur psychotique de la réserve, qui cherche à l’éliminer du paysage. Aila, quant à elle, veut quitter la réserve dès que possible. Mais pas avant d’avoir récupéré l’argent que Popper lui a volé. Elle a aussi une autre attache, puissante celle-là : elle fréquente des garçons qui logent aux résidences de l’école Saint-Dymphna, un de ces pensionnaires catholiques pour amérindiens sinistrement célèbres, qui ont fermé dans les années 1980 après plusieurs scandales de pédophilie et de violences. La jeune Aila a une obsession de vengeance : elle veut voler Popper avant de disparaître de Red Crow. « J’adore jouer ce rôle de jeune fille dure à cuire, confie Devery Jacobs entre deux prises. Vous savez, dans les communautés Mohawk, les femmes prennent beaucoup de place. Quand il y a des histoires de violence domestique, on découvre souvent que ce sont les femmes qui battent les hommes! », dit-elle en riant. Pour la jeune comédienne, la culture Mohawk est matriarcale et le fait qu’elle joue une jeune fille forte, qui ne prend pas toujours des décisions recommandables, mais dont les motivations sont nobles, en dit long sur la place des femmes dans la culture autochtone. Une opinion que partage le réalisateur et scénariste du film, Jeff Barnaby, qui est plutôt Mi’gMaq (il a grandi sur la réserve de Listuguj, près de Sainte-Flavie, en Gaspésie). « Quand j’ai imaginé cette histoire de revanche, j’ai rapidement pensé à ce personnage de jeune fille qui se bat pour survivre dans un environnement très violent et hostile. C’est un défi pour moi car, habituellement, j’imagine plutôt des personnages très mâle. Avec Aila, on est collés sur l’identité autochtone, avec ce personnage de fille forte. » Aila s’inscrit dans un courant populaire du cinéma actuel, avec de jeunes héroïnes marquantes, comme Bella dans la série Twilight ou Katniss dans Hunger Games. Le script, qu’on dit écrit comme un roman, est le seul sélectionné au Canada par le programme Tribeca All Access. Il y a même remporté le prix 2012 Creative Promise, pour la qualité de son écriture. Encadré
Surveillez Devery Jacobs
Kawennahere Deverey Jacobs tourne son premier long-métrage comme tête d’affiche avec « Rhymes for Young Ghouls ». Surveillez bien la jeune actrice de 19 ans, une beauté qui a grandi à Kahnawake et y a fait ses premiers pas comme actrice. Elle a tout pour devenir une star. « J’ai commencé alors que j’avais sept ans, au théâtre Turtle Island, qui est situé sur la réserve. Je joue dans des films et au théâtre depuis l’âge de 10 ans. Je suis devenue membre Actra (l’équivalent canadien anglais de l’Union des artistes) à 13 ans. Enfant, je trimballais une vidéo caméra et j’adorais jouer. J’ai vraiment ce métier dans le sang. » Devery Jacobs a obtenu un petit rôle dans Shockwave, un film de science-fiction réalisé par Michael Robinson, dont la sortie est prévue en 2013 et qui met en vedette David James Elliott, Anthony Lemke, Natalie Browne et Julia Ormond. La comédienne et mannequin a aussi joué dans les séries télé Assassin’s Creed : Lineage et The Dead Zone. Les trois quarts de son dernier tournage se sont déroulés à cinq minutes de chez elle. « C’est fantastique! On finit à quatre heures du matin et je suis dans mon lit dix minutes plus tard! » dit-elle en riant. Devery Jacobs se dit évidemment avantagée d’avoir grandi sur une réserve indienne : « J’ai puisé abondamment dans mon parcours personnel pour donner plus de crédibilité à mon personnage. » Des cicatrices marquent son visage : « Le maquillage montre que je dois me débattre dans un environnement violent, marqué par l’alcool, les drogues, le racisme. Alia a mauvais caractère, mais elle ne boit pas. Ce qui en fait une fille solide et décidée. »