La vélorution est en marche

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Layout 1Publié dans Vélo Urbain, juillet 2013

On peut lire l’article ici.

Il y a 35 ans, j’étendais des pistes cyclables mobiles sur des autos stationnées dans les rues du centre-ville de Montréal. Il s’agissait en fait d’un rouleau de papier goudronné sur lequel on avait peint une ligne blanche pointillée. C’était avec Claire Morissette et Bob Silverman, du Monde à Bicyclette. Les médias de l’époque adoraient les frasques du MAB. Le groupe, aujourd’hui disparu, était mené par d’intrépides militants qui ne prônaient rien de moins que la « vélorution ».

Pour Claire et Bob, ça voulait dire des pistes cyclables dans tous les quartiers, le droit de prendre le métro avec son vélo, des supports à bicyclettes sur les bus, des stationnements et des douches dans les tours à bureaux pour les cyclistes, des supports devant les commerces et les entrées du métro, des pistes cyclables fonctionnelles en hiver, de nouvelles pistes chaque fois qu’on bâtissait ou rénovait un pont, des rues plus étroites, piétonnes, cyclables. À leurs côtés, d’autres militants oeuvraient déjà au sein de Vélo Québec à préparer cette vélorution qui devait permettre d’implanter une véritable culture cycliste dans l’urbanisme et dans la vie en ville, à une époque où tout le monde ne jurait que par le « char ».

Aujourd’hui, Claire doit savourer sa victoire à la droite de saint Pierre. Elle a sa piste en plein centre-ville. Bob rit encore, dans sa retraite des Laurentides, du fait qu’un ex-militant cycliste dirige la STM, celle-là même qui avait jeté en taule ces gens – votre serviteur compris – parce qu’ils avaient osé franchir les tourniquets du métro avec leurs bécanes. Et Guy Rouleau, l’âme mi – litante de Vélo Québec, décédé trop jeune lui aussi, doit bien se marrer de voir les BIXI envahir la ville et la planète (y compris New York, depuis la fin mai).

Aujourd’hui, Vélo Québec organise pour la Ville une conférence sur le vélo pendant l’hiver (voir à la page 5). Les urbanistes veulent faire de Blue Bonnets un quartier centré sur le transport en commun et le vélo. Les supports à bicyclettes se comptent par milliers dans tous les quartiers. La rue Sainte-Catherine ferme l’été dans le Village. Le réseau cyclable s’étend sur des centaines de kilomètres. La STM installe des rampes dans les escaliers de ses stations de métro. Les promoteurs se servent des pistes cyclables et des vestiaires à deux-roues pour vendre leurs condos. Les proprios des tours à bureaux et les employeurs vendent des abonnements à rabais au BIXI.

C’est la même chose à Ottawa et Gatineau, un autre paradis pour les cyclistes urbains. Ou à Québec, où la Ville est en train d’intégrer le vélo et la marche dans le design et la rénovation de ses nouveaux quartiers à la mode. Promenez-vous dans Limoilou, Saint-Roch, près de la rivière Saint-Charles, dans Montcalm; ou à Montréal, dans le Mile-End, dans Griffintown, rue Masson, angle Sainte-Catherine et Peel. Vous verrez la vélorution en marche. Des gens de toutes conditions, de tous les styles, sur leurs bécanes à deux sous ou à 3 000 $, sur leur BIXI, sur leur fixie (voir notre article sur les vélos de ville à la page 26), qui se rendent au boulot ou au concert, pour gagner leur vie, signer des contrats de plusieurs millions ou simplement prendre un pot entre amis.

Grâce à 40 ans de vision et de travail en profondeur, le vélo fait désormais partie de l’urbanité. Comme ce magazine, dont le premier numéro a fait tout un tabac dans les médias et dans la rue. Il s’est envolé comme des petits pains chauds, parce que, désormais, le Québec urbain, c’est une terre de vélos. De vélorution !

Stéphane Desjardins, rédacteur en chef

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