Pierre Karl Péladeau n’a plus d’autorité sur Québecor

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2014-3-10

Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, Section Argent, 10 mars 2014 – Publié sur Canoë le 9 mars 2014

On peut lire l’article ici.

Autre titre dans Canoë: Pierre Karl Péladeau démissionne de toutes ses fonctions

Pierre Karl Péladeau ne prendra plus de décisions au sein de Québecor. Il a démissionné dimanche de ses fonctions au sein des conseils d’administration de Québecor, Québecor Média, Groupe TVA, ainsi que d’Hydro-Québec, en marge de son saut en politique, comme candidat du Parti québécois dans Saint-Jérôme.

S’il est élu, Pierre Karl Péladeau n’aura d’autre choix que d’ériger un mur de Chine entre sa carrière politique et ses intérêts financiers, disent des experts. Il s’est d’ailleurs engagé à confier ses avoirs à une fiducie envers laquelle il n’aura pas de droit de regard sur une base quotidienne.

C’est exactement ce qu’avait fait l’ancien premier ministre du Canada Paul Martin quand il s’est lancé en politique fédérale.

«C’est un mécanisme reconnu, qui donne de très bons résultats depuis 100 ans du point de vue de la gouvernance», croit Michel Nadeau, directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP) et ancien premier vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Une fois élu, pourra-t-il être avantagé par son statut de baron de la presse? «Ça m’étonnerait, a mentionné M. Nadeau. Le contrôle des médias, ça se fait par les conseils d’administration. Comme il a démissionné de ces conseils, il n’a plus aucune autorité formelle au sein de l’empire Québecor.» Michel Nadeau a ajouté que le seul lien qu’il lui reste avec Québecor, «c’est la propriété de 75 % du capital-actions de Québecor Média. Et comme il confiera cet avoir à une fiducie, les vraies décisions viendront désormais de Mme Françoise Bertrand, qui est présidente du conseil d’administration de Québecor».

Les médias vont désormais scrupuleusement scruter chacun des contrats que Québecor aura avec les gouvernements, soutient M. Nadeau. « À Québec, ils vont faire très attention de ne pas favoriser cette entreprise de peur de se faire taper sur les doigts », a-t-il ajouté.

Surveillance Alors qu’il était haut dirigeant de la Caisse, M. Nadeau est celui qui a convaincu la famille Péladeau d’acheter Vidéotron et d’embarquer dans une stratégie de convergence médiatique.

Titulaire de la Chaire de recherche en éthique du journalisme à l’Université d’Ottawa, Marc-François Bernier est d’avis que si M. Péladeau est élu député, il sera surveillé très étroitement par les médias. «On peut s’attendre à ce que les médias l’aient à l’oeil, a-t-il mentionné. C’est la moindre des choses. Il sera également surveillé par les citoyens, notamment sur les réseaux sociaux, un phénomène qui s’est instantanément mis en branle dès l’annonce de sa candidature dans Saint-Jérôme, dimanche.

Pierre Karl Péladeau n’est pas le premier baron de la presse à faire le saut en politique. Le milliardaire de la presse économique américaine Michael Bloomberg a été maire de New York de 2002 à 2013. Steve Forbes, de l’empire médiatique du même nom, s’est fait battre aux primaires de 2000 par un certain Georges W. Bush. L’oligarque russe Alexander Lebedev est propriétaire de plusieurs journaux britanniques, dont The Independent. Il a fait de la politique en Russie avant de s’exiler à Londres. Et Silvio Berlusconi, principal baron de la presse italienne, a été président du Conseil italien de 1994 à 1995, entre 2001 et 2006, puis de 2008 à 2011.

Pierre Karl Péladeau est le fils du fondateur de Québecor, Pierre Péladeau. En 1999, deux ans après le décès de ce dernier, il a pris la direction de Québecor. Sa fortune est estimée à 670 millions $.

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