Assurance prêt : à qui va l’argent?
Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, section Dans vos poches, 13 mai 2015
On peut lire l’article ici.
Une lectrice nous fait part du cas d’un couple sans enfant qui a souscrit une assurance-vie sur leur marge de crédit bancaire. Les deux décèdent dans un accident. À qui va l’indemnité?
Notre lectrice se demande si l’argent va à la succession ou si celle-ci devra rembourser la marge? «Les héritiers peuvent-ils eux aussi profiter de l’effacement de la dette au même titre que le conjoint décédé», demande-t-elle.
Que la succession dorme tranquille, car l’assurance-vie vendue avec des produits d’emprunt sert avant tout au remboursement de la dette. Ni le conjoint, s’il avait survécu, ni la succession ne toucheront cet argent. Ces produits sont strictement rattachés à la dette qu’ils assurent, à moins que notre couple ait ajouté un avenant de protection supplémentaire en cas d’accident, maladie grave ou invalidité. Et encore, vu qu’il s’agit du décès des deux membres du couple, la succession n’aura rien.
Exemptés de la dette
Ce genre de couverture est conçue pour que la dette soit remboursée intégralement au décès de l’assuré, afin que ses proches ou héritiers soient exemptés d’un tel fardeau. Plusieurs critiquent le fait que ce produit soit très cher lorsqu’il est vendu par l’émetteur du prêt, soient les banques et les caisses, comparativement aux assureurs.
Le prêteur calcule la prime en fonction d’un pourcentage du solde mensuel du prêt. L’assureur, lui, se fie à ses normes de souscription, généralement un peu plus sévères que celles des banquiers.
J’ai donc un conseil à toutes les personnes qui doivent contracter un prêt pour une forte somme (hypothèque, marge de crédit personnelle ou hypothécaire, prêt personnel important): magasinez avant d’accepter l’assurance offerte par l’émetteur. Contactez votre assureur vie ou votre conseiller. Car ce dernier connaît déjà vos antécédents médicaux, votre style de vie et votre situation familiale.
La différence peut se chiffrer en centaines de dollars chaque année, si on compare, par exemple, une assurance-vie temporaire 10 ou 20 ans (T10 ou T20) avec une assurance hypothécaire de la même durée vendue par le prêteur, excluant l’invalidité!
Désigner les bénéficiaires
Généralement, les polices vie vendues par les assureurs ne ciblent pas spécifiquement le remboursement d’une dette, à moins que ce soit clairement inscrit dans la désignation du bénéficiaire, ce qui est très rare. Normalement, le détenteur désigne un ou plusieurs bénéficiaires, ainsi que les proportions de l’indemnité entre chacun, ou bien la succession.
L’assurance offerte par le prêteur est plus facile à obtenir parce qu’il a un questionnaire médical plus sommaire que celui de l’assureur. Par contre, un bon conseiller en sécurité financière ne se limitera pas à la dette, mais regardera l’ensemble des besoins de la personne, de sa famille et de ses héritiers, notamment fiscaux.
De plus, même si notre lectrice fait état du décès des assurés, que serait-il arrivé s’ils avaient survécu à leur accident, mais gravement amochés? C’est ici que l’assurance invalidité prend tout son sens. Et, encore, celle vendue par les prêteurs est généralement beaucoup plus chère que celle des assureurs.
- Vérifiez la couverture en invalidité de votre employeur: c’est généralement la plus accessible, notamment pour les faibles revenus.
- Certains assureurs de prêteurs refusent de verser l’indemnité parce qu’ils réalisent que le défunt n’était pas assurable!