Heetch (le nom est ins­piré de l’ex­pres­sion hitch-hi­king) est un ser­vice de co­voi­tu­rage qui cible en prio­rité des fê­tards qui ne veulent pas ris­quer se faire ar­rê­ter au vo­lant alors qu’ils dé­passent la li­mite per­mise d’al­coo­lé­mie. Plus be­soin de se sa­cri­fier comme chauf­feur dé­si­gné ni d’at­tendre l’au­to­bus de nuit, qui passe dans 45 mi­nutes. On uti­lise l’ap­pli­ca­tion sur son té­lé­phone in­tel­li­gent pour com­man­der une voi­ture, conduite par chauf­feurs pro­fes­sion­nels.

Le ser­vice est ré­puté moins cher que les taxis (qui sont lar­ge­ment bou­dés en France par la clien­tèle cible, les moins de 35 ans) et Uber. Par exemple, de Châ­te­let à Pi­gale, la course coûte 8 eu­ros. De Bou­logne à Saint-Mi­chel, c’est 15 eu­ros. Un té­moi­gnage sur le site web parmi d’autres: «J’al­lais à la Pea­cok (fes­ti­val de mu­sique élec­tro­nique pa­ri­sien), le dri­ver m’a dit de mettre mon son, on s’est grave am­biancé!»

Les clients peuvent tu­toyer le chauf­feur (chez Heetch, ils s’ap­pellent dri­ver, eh oui!) et peuvent s’as­seoir en avant, une ré­vo­lu­tion en France.
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Heetch re­ven­dique 100 000 tra­jets par se­maine, 12 000 chauf­feurs ins­crits (dont 8000 sont ac­tifs chaque se­maine) et 70% de son mar­ché en France, ex­cluant Uber France. La concur­rence, Chauf­feur privé, Txfy, Al­lô­Cab et Le­Cab dé­tiennent le reste. Heetch prend une com­mis­sion de 15% sur le coût du tra­jet, contre 25% pour Uber.

Le che­min n’a pas tou­jours été fa­cile pour Heetch. L’an der­nier, la so­ciété a été condam­née à payer une amende équi­valent à 674 000$ ca­na­diens pour avoir opéré illé­ga­le­ment un ser­vice de taxi. Une cam­pagne po­pu­laire d’ap­puis a ra­pi­de­ment ex­plosé sur les ré­seaux so­ciaux, no­tam­ment, sur You­Tube.

L’en­tre­prise a fi­na­le­ment perdu 20 000 de ses chauf­feurs, pour conver­tir les en­dur­cis en «pro­fes­sion­nels», alors qu’elle s’est sou­mise à la ré­gle­men­ta­tion fran­çaise en­trée en vi­gueur en dé­cembre, qui a créé une ca­té­go­rie de «vé­hi­cule de tou­risme avec chauf­feur» (VTC).

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Dé­fiant les oi­seaux de mal­heur, qui pré­di­saient sa dé­con­fi­ture, Heetch a re­bondi en fé­vrier, en ré­col­tant 25 mil­lions de dol­lars au­près de plu­sieurs fonds d’in­ves­tis­se­ment.

Heetch am­bi­tionne dé­sor­mais de concur­ren­cer et même dé­pas­ser Uber dans plu­sieurs mar­chés eu­ro­péens. Elle est im­plan­tée à Pa­ris et sa ban­lieue, Bor­deaux, Lille, Lyon, Mar­seille, Nice, mais aussi Bruxelles, Stock­holm, Mi­lan et…

… Ca­sa­blanca, où elle vient de s’as­so­cier avec ses com­pé­ti­teurs di­rects, les opé­ra­teurs et syn­di­cats de chauf­feurs de taxi. La com­mis­sion y est de 10 di­rhams, peu im­porte le prix de la course.

D’autres villes ma­ro­caines et arabes sont dans le col­li­ma­teur, comme le Caire, mais la prio­rité de­meure Londres.

Mal­heu­reu­se­ment, le Qué­bec ne fi­gure pas dans les plans de Heetch, nous a confirmé la star­tup fon­dée par Ma­thieu Ja­cob et Teddy Pel­le­rin, in­gé­nieur dans l’éner­gie so­laire (notre photo d’in­tro­duc­tion).

Heetch n’a pas d’équi­valent au Qué­bec, où les ser­vices de co­voi­tu­rage sont Ca­ri­book, Ami­goEx­press, Co­voi­tu­rage.ca, Mon­lift et Po­pa­ride.

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