Dernier joueur en date à se lancer dans la livraison robotique: le géant américain de l’alimentation Kroger. La chaîne de supermarchés fait équipe avec le constructeur de véhicules autonomes Nuro pour tester la livraison de commandes d’épicerie passées sur le web, avec de petits véhicules autonomes. Kroger n’a pas spécifié la ville où se dérouleraient les essais, qui commencent cet automne.

Kroger cherche ainsi à satisfaire sa clientèle tout en économisant. Car un service robotisé peut livrer votre commande jour et nuit, à l’heure de votre choix. Et il n’implique aucune main-d’œuvre, car la chaîne s’est associée avec le leader mondial de l’épicerie en ligne, la Britannique Ocado, qui construit des entrepôts complètement automatisés.

Kroger, qui a 2800 supermarchés aux États-Unis, est connue pour ses livraisons d’épicerie commandées sur Internet, grâce à des partenariats avec les sociétés Instacart et Shipt. Kroger ne veut pas se laisser distancer par Amazon et Walmart, qui développent activement leurs propres services de livraison robotique.

Nuro, qui est basée dans la Silicon Valley, a été fondée il y a deux ans par deux anciens ingénieurs de Google.

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De son côté, Ocado a lancé l’an dernier le premier service robotisé de livraison de commandes d’épicerie au monde, à Greenwich (une banlieue de Londres célèbre pour son fameux méridien)), Angleterre. Le service est testé depuis un an avec des CargoPod, de petits camions de livraison entièrement autonomes (mais dotés quand même d’un chauffeur… qui se tourne les pouces).

À destination, les gens n’ont qu’à taper un code sur un leur tablette ou leur téléphone intelligent pour récupérer leur commande lorsque s’ouvre l’un des huit compartiments.

Ocado a développé son service en collaboration avec GateWay, un consortium de recherche public qui développe des navettes autonomes actuellement testées par les habitants et les touristes de Greenwich.

À Miami et Miami Beach, le géant américain de la pizza Domino’s livre déjà à des clients choisis au hasard, avec des Ford Fusion adaptées par la firme Argo AI (aussi dotés d’un chauffeur, en cas d’urgence).

Les clients commandent par Internet ou au téléphone, et la voiture leur livre la pizza, qu’ils récupèrent tapant un code sur un gros clavier remplaçant une des fenêtres. Ford et Domino’s ont testé le service avec succès l’an dernier à Ann Arbor, le siège de Domino’s au Michigan.

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Deux startups technologiques excitent les geeks depuis des mois avec leurs sympathiques petits robots de livraison, qui sillonnent les trottoirs en évitant de vous marcher – pardon: de vous rouler sur les pieds.

La première, Starship Technologies, basée à Londres et financée en partie par Daimler (la maison-mère de Mercedes-Benz), vient d’annoncer le déploiement à grande échelle d’une flotte de ses robots de livraison, tant au Royaume-Uni qu’aux États-Unis.

À la fin de cette année, plus de 1000 de ces petites glacières sur six roues, surmontées d’un joli drapeau rouge, sillonneront certaines villes (comme Washington DC) et campus universitaires ou corporatifs (comme celui d’Intuit).

Elles livreront notamment les commandes logées dans la Silicon Valley sur l’application DoorDash. Cette dernière utilise un algorithme pour décider s’il faut confier votre gyro ou votre lasagne à un humain ou un robot.

Ce dernier dispose de neuf caméras et capteurs qui créent une bulle imaginaire autour de lui. Quand un objet ou un humain y entre, le robot décide rapidement par lui-même d’arrêter ou de contourner l’obstacle. Il lit également les feux de circulation.

S’il hésite, il communique avec la base où un humain lui dira quoi faire. À destination, vous tapez un code sur votre téléphone pour récupérer votre commande.

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Les enfants l’adorent et multiplient les ego portraits avec lui. La flotte de Starship Technologies accumule déjà plus de 160 000 km au compteur et a effectué plus de 1600 commandes, sans jamais avoir subi de vandalisme.

Starship Technologies fut lancé par les cofondateurs de Skype, Ahti Heinla et Janus Friis, qui se sont «pratiqués» auparavant avec la conception de robots martiens.

Seconde startup qui excite les geeks: Dispatch, de San Francisco, offre un petit véhicule appelé Carry. Il est un peu plus massif que son cousin anglais, car il peut transporter des paquets pouvant peser jusqu’à 100 livres.

Il livre déjà des objets et le courrier des étudiants du Collège de Menlo à Palo Alto et de l’université Cal State à Monterrey Bay. On peut suivre son itinéraire et recevoir un message sur son téléphone quand il est arrivé à destination.

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Dispatch veut diminuer les coûts de livraison du «dernier kilomètre», qui est souvent assumé par des firmes comme… Uber.

Les grossistes testent également les livraisons robotisées. Six convois de deux à trois poids lourds autonomes ont ainsi circulé sur les autoroutes du vieux continent l’an dernier, vers le port de Rotterdam (celui de Singapour, un des plus occupés au monde, a déjà son propre projet de camion robot).

Les constructeurs DAF, Daimler, Iveco, MAN, Scania et Volvo ont participé avec enthousiasme à ces exercices de platooning. Ils ont permis de prouver certains avantages: réduction de l’espace entre chaque camion pour diminuer la friction d’air (économies de carburant), diminution du nombre d’accidents (souvent causée une réaction trop lente du chauffeur), amélioration du flux général de circulation et augmentation du nombre d’usagers de la route.

Pareille expérience a été tentée, mais à plus petite échelle… au centre PMG Technologies de Blainville, à l’automne 2016. Nous y avions d’ailleurs participé l’espace d’une journée mais – non – nous n’avions pas livré de bière.

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Évidemment, durant ces expériences, tous les mastodontes étaient dotés d’un camionneur en cas d’urgence… Mais les spécialistes croient qu’ils vont disparaître très bientôt.

Airbus mène actuellement un projet-pilote (excusez-là…) de drones, lancé en février dernier, le Alpha One. La technologie fait appel à une «station» robotisée dans laquelle vous déposez votre colis de 2 à 4 kilos dans une trappe. Le colis est récupéré par un bras robotisé et acheminé au drone sur le toit de la station, où s’est posé le drone. Celui-ci repart vers une autre station, où le client récupère son colis.

Amazon détient aussi le brevet d’une tour géante en forme de nid d’abeille, d’où les drones pourraient récupérer leur paquet à livrer. Amazon et Google travaillent depuis longtemps à la livraison de colis par drones, mais la firme Gartner estime que ce mode de transport n’occupera que 1% des livraisons totales dans le monde en 2020.

Les problèmes technologiques, l’autonomie insuffisante des batteries, le coût élevé des drones et la réglementation gouvernementale, qui gère un ciel déjà très encombré, représentent des freins majeurs. Les robots terrestres de livraison ont donc une bonne avance…
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Tout ceci pour dire que les véhicules robotisés – de quelque nature qu’ils soient – pourraient, disent les experts:

  • diminuer le nombre d’accidents de 70% dans la chaîne de livraison de biens;
  • réduire de 20% la consommation de pétrole et, donc, la pollution;
  • et éliminer 1,2 milliard d’heures de travail assumées par des chauffeurs humains, selon le Forum économique mondial.