Ferrari n’a certes pas besoin de présentation, tellement elle est célèbre. La marque au cheval cabré fondée en 1947 par Enzo Ferrari occupe une place à part dans l’industrie automobile mondiale, on pourrait même dire une place mythique, entretenue par des bolides au design distinctif et des victoires à répétition sur les plus grands circuits de la planète.

Certains ont crié au sacrilège lorsque le grand patron du groupe Fiat Chrysler Automobiles (FCA), Sergio Marchionne, décédé le 25 juillet dernier, avait inscrit Ferrari en Bourse.

Ça se passait en octobre 2014, dans un effort pour restructurer Fiat en difficultés financières.

Mais voilà: ce fut un succès immédiat auprès des investisseurs, un succès qui se maintient depuis.

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Pourquoi? Parce que Ferrari est le constructeur automobile le plus profitable au monde. Et qu’il bénéficie d’une clientèle qui ne cesse de grandir.

C’est du moins ce qu’affirme le professeur en économie Ferdinand Dudenhöffer, du Centre de recherche automobile CAR, rattaché à l’Université de Duisbourg-Essen, qui vient de publier une étude confirmant que Ferrari a été la marque la plus profitable de l’industrie au premier semestre de 2018 – et de loin.

Ainsi, le constructeur italien réalise une marge d’opération de 68 987 euros (103 396$ canadiens au moment d’écrire ces lignes) pour chacune de ses voitures neuves.

Juste pour montrer à quel point c’est phénoménal, sachez qu’en comparaison, la marge est la suivante chez les compétiteurs:

  • Ferrari: 68 987€ (103 396$ canadiens)
  • Porsche: 16 780€ (25 144$$ canadiens)
  • Maserati: 4889€ (7326$ canadiens)
  • Audi (+Lamborghini): 3347€ (5015$ canadiens)
  • Mercedes-Benz: 3343€ (5010$ canadiens)
  • BMW (+Mini et Rolls-Royce): 3057€ (4582$ canadiens)
  • Volvo: 2425€ (3635$ canadiens)
  • Jaguar et Land Rover: 779€ (1168$ canadiens)
  • Tesla: – 10 931€ (perte de 16 383$ canadiens)
  • Bentley: – 17 425€ (perte de 26 116$ canadiens)

Pour vous donner une (autre) idée, la marge opérationnelle de Ferrari pour chaque voiture permettrait d’acheter une Porsche 911 Carrera. Ou trois Fiat Spider, voire… six Fiat 500.

D’un trimestre financier à l’autre, il n’est pas rare de voir Ferrari afficher une marge d’opération de 20% et plus. Sachez qu’on sort le champagne dans les bureaux de GM si on dépasse le 7,5%. Chez BMW, ça dépasse rarement le 10%.

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Pourquoi Ferrari fait autant d’argent? Parce que la marque n’a qu’une seule usine, ce qui maintient les coûts fixes au plancher, comparativement aux grands constructeurs que sont WV, Toyota ou GM, ou même BMW.

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De plus, sa clientèle de super riches augmente sans cesse partout dans le monde, surtout en Asie.

Et ça n’est pas prêt de s’arrêter: les spécialistes prédisent une croissance des ventes chez Ferrari de près de 15% par année.

Encore là, pourquoi? À cause du 1% dénoncé par les altermondialistes. On n’arrête pas de lire à quel point les super riches s’enrichissent davantage alors que la classe moyenne stagne depuis 10 ans. Et bien, les super riches adorent les joujoux comme les Ferrari.

Juste pour vous donner une idée, voici le nombre de millionnaires en 2017 selon le World Wealth Report:

    • États-Unis : 14,1 millions (de millionnaires)
    • Japon : 2,7 millions
    • France : 2,4 millions
    • Royaume-Uni : 2,0 millions
    • Allemagne : 2,0 millions
    • Chine : 1,2 million

Et au Canada, demandez-vous? Au pays de la Feuille d’érable, il y a presque un million de millionnaires, et leur nombre s’accroît de plus de 11% par année, selon CapGemini.

Imaginez si seulement 1% de ces millionnaires décidaient de se payer une Ferrari: ça représente des ventes potentielles de millions de voitures. Comme une Ferrari se détaille entre 242 900$ canadiens pour le California T et 475 900$ canadiens pour la 488 Spider (selon Ferrari Québec), les ventes futures s’annoncent très bonnes!

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Voici encore quelques chiffres qui montrent à quel point Ferrari est populaire chez les investisseurs:

  • Ferrari nage dans l’argent. Ses revenus ont totalisé 5,11$US milliards en 2017, en hausse de 10% comparé à 2016, pour un rendement de 11,78%. Ferrari offre pourtant un dividende assez chiche de 85 cents par action (0,63%).
  • L’action de Ferrari, échangée à la Bourse de New York (sous le symbole RACE), cotait à 120,51$US vendredi. C’est en baisse depuis son sommet du 11 juin dernier, à 148,90$US (encore une fois, rappelons que son grand patron Sergio Marchionne est subitement décédé le 25 juillet dernier). Sa capitalisation boursière totalise 22,8$US milliards.
  • En comparaison, la capitalisation boursière de GM totalise 51,7$US milliards. Mais GM a fabriqué 9,6 millions de véhicules en 2017, versus… 8398 véhicules chez Ferrari.
  • GM affichait un revenu de 144,2$US milliards, ou 101,62$ par action l’an dernier, comparativement à 4$US milliards, ou 21,13$ par action pour Ferrari. Ferrari est donc minuscule comparé au géant américain… mais tellement plus profitable !
  • Si vous aviez investi dans Ferrari au moment où elle faisait son entrée en Bourse, vous auriez enregistré un rendement de 278,6% au premier janvier 2017.

Et Tesla, dans tout ça, vous vous demandez? Sa capitalisation boursière est certes supérieure à celle de GM (54$US milliards), mais rappelons que l’entreprise californienne n’a pas enregistré un seul profit en 15 ans… et selon l’étude dont il est question ici, elle perdrait un peu plus de 16 000$ à chaque véhicule qu’elle écoule. Remarquez, c’est moitié moins que pour Bentley…