Apprendre sur soi et sur son entreprise

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Publié sur le site web du Réseau M, 23 juillet 2019

On peut lire l’article ici.

Oser demander de l’aide. Ce n’est pas donné à tous les entrepreneurs. Je l’ai fait. Ça m’a sauvé de la déconfiture plus d’une fois.

J’ai fondé plusieurs entreprises au fil des ans. J’ai côtoyé de nombreux mentors au sein du Réseau M. Je fus moi-même mentor. Et j’ai eu un mentor.

S’il y a quelque chose que j’ai compris avec les années, c’est de faire preuve d’assez d’humilité pour demander de l’aide lorsqu’on décide de se lancer dans le merveilleux monde des affaires. Et pas juste quand ça coince.

Pour paraphraser l’auteur à succès (et coach de dirigeants d’entreprises) Marshall Goldsmith : les entrepreneurs sont des gagnants, ils doivent constamment accomplir des choses. Quand ils ne gagnent pas à tout coup, ils frustrent aisément. C’est lié à leur tempérament. Mais, en affaires, on mesure le succès d’un entrepreneur avant tout à sa capacité de s’entourer (je sais, ça sonne cliché, mais c’est vrai). Rapidement, votre succès personnel comme entrepreneur est avant tout celui des gens qui vous entourent.

Un de mes rares boss m’a confié une vérité qui m’a ébranlé sur le coup : lorsque tu es le patron, tu es aussi le mentor, le guide, celui qui donne l’exemple. Et tu dois en adopter l’attitude. J’ai vérité cette affirmation à plusieurs reprises. Dans ce contexte très particulier (les entrepreneurs forment tout de même un club restreint), on doit souvent manifester de la gratitude autour de soi, pour le travail bien fait notamment. Plusieurs patrons ont de la difficulté à le faire. Je sais de quoi je parle : je pourrais donner des noms! Or, nos collaborateurs ont besoin de reconnaissance. Pourquoi se gêner?

L’empathie est une des forces que doivent cultiver les entrepreneurs. On doit accepter les gens tels qu’ils sont, avec leurs talents et leurs faiblesses. Sinon, on bâtit du ressentiment mal placé.

On doit aussi s’accepter soi-même et, surtout, nos limitations. On traîne tous ces stigmates hérités de notre enfance et de nos parents. On doit vivre avec. Ça ne sert à rien de s’enrager à focaliser sur ces faiblesses. On doit plutôt y travailler.

Plusieurs formes d’aide

Une des méthodes les plus infaillibles est de chercher de l’aide. Ça peut prendre plusieurs formes : engager en expert, un coach, un consultant, qui va régler un problème de l’entreprise. Mais ça ne règle souvent pas le problème initial, qui se trouve entre vos deux oreilles.

On peut aussi doter son entreprise d’un conseil consultatif. Je le conseille vivement à tout entrepreneur, qu’il soit novice ou expérimenté. Ce conseil être formé de gens d’affaires aguerris dans le domaine où vous êtes actif, et aussi compter des experts dans les domaines où vous avez des difficultés. Pour le prix d’un lunch, vous avez accès à une expertise inestimable.

Comment recruter les membres de votre conseil? Choisissez les gens d’affaires que vous admirez. Même s’ils sont des vedettes du Québec Inc. Au pire, ils refuseront… Au mieux, il ne manque pas de candidats.

La meilleure forme d’aide

Mais la meilleure chose qu’un entrepreneur puisse faire, c’est de faire appel à un mentor. Je sais : vous lisez ce texte sur le blogue du Réseau M. Mais c’est loin d’être une plogue. Dites-vous que le mentor avec qui vous allez cliquer va apprendre autant de vous que vous apprendrez de lui. C’est, je crois, la force principale du mentorat pour entrepreneurs : il s’agit d’une collaboration qui n’est pas à sens unique.

Votre mentor sera fasciné par votre expertise, votre parcours personnel, vos accomplissements, votre projet, vos collaborateurs, votre énergie, votre jeunesse (même si vous avez plus de 50 ans!). De votre côté, vous briserez un cycle mortel : celui que je qualifie des « montagnes russes » de l’entrepreneuriat.

Car, être en affaires, c’est vivre deux sentiments très forts : l’isolement en haut de la pyramide et les « montagnes russes ». Prenez l’isolement : difficile de bassiner tous vos problèmes à votre conjoint, votre banquier, votre comptable ou vos amis. Vous tenez à préserver votre vie de couple ou vos relations professionnelles et amicales. Et vous ne désirez inquiéter personne. Quant aux « montagnes russes », j’associe la vie d’entrepreneur à une partie de golf : vous faites cinq mauvais coups de suite et votre découragement est tel que vous voulez abandonner la partie; puis vous faites ce coup extraordinaire, inouï, qui vous propulse au sommet des émotions et de l’effervescence. Et vous restez dans la partie, enthousiasmé. Jusqu’à la prochaine série de mauvais coups…

Que vient faire le mentor dans tout cela? Il régule. Il rassure. Il confirme. Il suscite ce doute constructif, qui aligne dans la bonne direction. Après un lunch avec son mentor, on ne se sent plus seul. Au contraire, on est revigoré. C’est comme une séance dans un spa mental. On se sent bien partout dans son esprit.

C’est important parce que je reviens à ce que je vous disais tout à l’heure : l’entrepreneur n’a pas le choix d’être positif, 24 h sur 24. Et de le montrer. Pas juste parce qu’il est convaincu que son idée, son projet, son modèle d’affaires est le meilleur. Parce qu’il EST le modèle. Surtout pour ses collaborateurs.

Il est donc une sorte de capitaine (un autre cliché) : celui ou celle qui montre le chemin. Qui dirige par l’exemple. Même si ses enfants ont des problèmes à l’école, ou ses parents ont l’Alzheimer. Comme leader, il ou elle doit être attentif, disponible, sincère, peu importe les obstacles personnels et commerciaux.

Voilà pourquoi une ou un entrepreneur ne doit pas se gêner pour demander de l’aide. Pour en apprendre plus sur vos forces et faiblesses personnelles, ainsi que sur celles de votre entreprise.

 

Une collaboration de Stéphane Desjardins.

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