Hausses salées généralisées en assurance auto et habitation
Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, section Dans vos poches, 28 janvier 2020
Vous renouvelez votre contrat et votre assureur vous impose une augmentation salée ? Vous n’êtes pas seul : la hausse est généralisée en assurance de dommages.
Vous magasinez et, partout, on vous parle de réchauffement climatique ? Ce n’est pas surprenant.
Au Québec, entre 2013 et 2018, la hausse généralisée des coûts de sinistres (ou de l’indemnisation) est de 30,7 % en assurance auto, habitation et entreprise (qui comprend notamment les condos). Mais les primes, elles, n’ont grimpé que de 20 % sur cette période.
Le Journal a interrogé les quatre assureurs qui dominent le marché québécois de l’assurance de dommages : Intact (23,4 % du marché selon le Journal de l’assurance), Desjardins (15,2 %), La Capitale (8,7 %) et Promutuel (8,2 %). Ils confirment tous une forte hausse des coûts des réclamations, les primes n’ayant pas suivi au même rythme. D’où le rattrapage actuel.
Habitation et climat
En assurance habitation, les coûts ont explosé à 49,3 %, mais la hausse des primes fut, elle, de 20,1 %. La prime moyenne est passée de 647 $ en 2013 à 778 $ en 2018.
Les événements météo extrêmes (tornades, tempêtes de vent ou de verglas, inondations, feux de forêt) sont plus fréquents et plus graves qu’avant, conséquence directe des changements climatiques, disent tous les assureurs.
« Et la crise de rareté de la main-d’œuvre met de la pression sur les salaires dans le secteur de la construction et de la rénovation. Le coût des matériaux est aussi en forte hausse », explique Pierre Babisnky, directeur des communications et des affaires publiques au Bureau d’assurance du Canada (BAC).
« Chaque client est analysé à son mérite, il n’y a pas de hausse de tarif mur à mur, mais le risque climatique est réel », confirme Jean-Pascal Lavoie, porte-parole— à La Capitale.
« Il y a définitivement plus de réclamations liées au climat et elles coûtent plus cher », ajoute Valérie Lamarre, porte-parole chez Desjardins. La coopérative réalise 7,4 % de ses revenus (de 17,3 milliards en 2018) en assurance de dommages, qui représentent entre 5 % et 10 % de ses excédents (l’équivalent du profit).
Automobile et électronique
En assurance auto, les coûts ont bondi de 36,3 %, mais les primes ont grimpé de 19,9 %. La prime moyenne est passée de 563 $ en 2008 à 595 $ en 2018. Elle a même baissé jusqu’à 525 $ en 2014. Même si le nombre de collisions est assez stable depuis des années, le coût moyen des sinistres (ou des indemnités) est passé de 3559 $ en 2008 à 4794 $ en 2018.
« Les nouvelles technologies augmentent le coût des réparations », explique Marie-Hélène Lafond, porte-parole d’Intact. « La distraction au volant (le textage notamment) a son influence, mais on a désormais des rétroviseurs chauffants avec clignotants et détecteurs d’angles morts, des pare-brise avec détecteurs de pluie », ajoute Valérie Lamarre.
Jean-Pascal Lavoie mentionne qu’auparavant, remplacer un pare-chocs coûtait quelques centaines de dollars. Les modèles actuels, avec caméras de recul et radars, coûtent plus de 1000 $. Et les coûts de main-d’œuvre ont grimpé chez les garages et les carrossiers, ajoute Pierre Babinski.
TOUT LE MONDE PAIE QUAND L’AUSTRALIE BRÛLE
- Tempêtes de vent et inondations en Europe, tornade en Outaouais ou aux États-Unis, feux incontrôlables en Australie ou en Californie, ouragans dans les Antilles et typhons asiatiques : vous payez inévitablement pour ces catastrophes.
- Les réassureurs, des géants du secteur financier, comme Suisse de Ré et Munich Re, assurent les assureurs locaux. Rien qu’en 2019, on parle de hausses mondiales de tarifs de 20 % à 25 %, selon le journal économique français Les Échos. Au bout de deux ou trois ans, ces hausses finissent par se répercuter sur le coût de vos assurances.