Jessica Côté et la mixologie boréale
Publié sur le site web du Réseau M, 3 février 2020
D’un passe-temps, KWE Cocktails est devenue une entreprise à plein temps pour Jessica Côté et Ève-Marie Gravel. Portrait d’une entrepreneure vouée à la promotion de la boréalie.
KWE Cocktails fut fondé en 2007. « Nous étions deux amies qui tripaient sur l’art des cocktails, explique Jessica Côté. Nous avions réalisé quelques recettes basées sur les saveurs issues de la forêt boréale. Je viens d’une famille d’agriculteurs, qui possède des terres au Saguenay–Lac-Saint-Jean, où on cultive notamment les bleuets et la camerise, un petit fruit amer. Je suis métisse et j’ai travaillé au village huron de Wendake. Cette entreprise me ressemble beaucoup, car le cocktail est l’art du métissage. Et « kwe » veut dire « bonjour! » en huron wendat. Ça vient donc de mes racines… »
Les associées se sont initialement lancées dans une série d’essais, après avoir rencontré des cueilleurs, qui leur ont fait découvrir de nouvelles saveurs. Après moult tests, elles ont rencontré des experts pour établir leurs recettes.
« Ma passion, c’est de cuisiner, multiplier les mélanges, dit-elle. Par exemple, on a repris les souvenirs olfactifs de notre enfance avec un sirop de bleuet lavande. Ça n’a rien à voir avec les sirops qu’on trouve habituellement sur le marché, qui goûtent le chimique. »
L’objectif est clair : mettre en valeur les épices et petits fruits de la forêt boréale, qui viennent en majorité du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Par contre, les baies de genévrier proviennent de la Côte-Nord. Et l’équipe de cueilleurs provient de toutes les régions du Québec.
« On fabrique tout de A à Z, dit-elle. Nous sélectionnons nos épices, élaborons nos propres recettes et effectuons la production. Nous en sommes à l’étape où nous construisons une usine : on se fait fabriquer des équipements spécialisés, sur-mesure, pour fabriquer nos sirops. Avant, on louait des cuisines commerciales. Avec nos propres installations, ce sera plus simple de contrôler la production, un domaine que j’apprécie particulièrement. On passe ainsi de l’artisanat à la production industrielle, car on augmente aussi notre capacité. »
Tous les produits sont dépourvus d’arômes artificiels. Les fruits sont lavés et pressés, les épices sont filtrées et cuites selon des températures et des intervalles précis, question de mieux faire ressortir l’arôme et le goût. Les produits traversent plusieurs étapes de filtration, d’ébullition, de trempage et de filtration. Une fois le sirop à maturité, il est soumis à la pasteurisation et à l’embouteillage.
KWE Cocktails propose ainsi des concentrés aromatisés sucrés qui peuvent être dilués dans l’eau, la bière, le vin, l’alcool, pour des boissons avec ou sans alcool. L’entreprise a 160 points de vente au Canada, essentiellement des boutiques spécialisées, de bière et de vin, de cadeaux, des épiceries fines et des restaurants.
Pourquoi le mentorat?
« L’année 2018 en fut une de très forte croissance, explique Jessica Côté. Même si je viens d’un milieu entrepreneurial, rien n’est jamais simple quand on dirige son entreprise. Mon frère, qui est également en affaires, m’a fait remarquer que j’étais au bon moment pour bénéficier du mentorat pour entrepreneurs. Il a lui aussi un mentor et il m’a confié que ça lui fait beaucoup de bien. J’ai donc contacté le Réseau M et, aujourd’hui, je constate que c’est exactement ce que j’avais besoin. Le mentorat m’a permis de travailler sur le savoir-être, de discuter avec quelqu’un qui connaît exactement ce que je vivais. »
Au fur et à mesure que l’entreprise connaît de la croissance, la relation mentorale s’est adaptée en conséquence. « J’ai de l’écoute, des conseils, dit-elle. Mais, avant tout, mon mentor m’aide à travailler sur moi, pas mon entreprise. Je deviens ainsi une meilleure entrepreneure, j’apprends à voir les choses différemment, à avoir une vision détachée de mon milieu, de mon entourage… »
Mission France 2020
Comme KWE Cocktails explore de nouveaux marchés, la Mission France 2020, organisée par le Réseau M, s’est imposée tout naturellement. « La France est un marché où le cocktail connaît un essor important, reprend-elle. Il y a même une effervescence. Les cocktails, ça vient justement de la France et ce marché est propice à nos produits, qui sont associés aux grands espaces sauvages. »
Jessica Côté reconnaît que la mission lui permettra avant tout d’explorer le marché français et de démarcher des intermédiaires. Elle ajoute toutefois que la France représente des opportunités à moyen et long termes. « Mais cette mission est un fit parfait pour nous, car elle ne se limite pas aux questions techniques et juridiques, commente-t-elle. On bénéficie d’un accompagnement en tant que personne. Le Réseau M est le seul organisme à offrir cela. »
Une collaboration de Stéphane Desjardins.
3 QUESTIONS
Jessica Côté
Que cherchais-tu à accomplir quand tu as décidé de recourir au mentorat?
J’y allais sans attente. J’espérais simplement que ça me permettrait de grandir, de mieux cheminer comme entrepreneur, à mieux m’organiser. J’ai découvert que mon mentor m’offre avant tout une approche vraiment humaine. Et qu’au fil des rencontres, mes idées se clarifient.
Quel aspect de ta personnalité as-tu découvert grâce au mentorat?
J’ai appris à me faire confiance, à surmonter mes peurs, à m’écouter davantage, à respecter mon instinct. Dans le cadre du mentorat, la solution à un problème s’impose souvent d’elle-même. Mon mentor me dit souvent : « Tu vois, c’est évident. Vas-y! »
Pourquoi as-tu choisi le mentorat comme forme d’accompagnement, ou qu’est-ce qui t’a convaincu d’avoir un mentor?
J’ai choisi le mentorat parce que j’étais rendue là! J’avais besoin de quelqu’un qui m’aiderait à cheminer comme personne, mais qui est externe à l’entreprise, à ma famille, qui n’est pas impliquée dans mes décisions au quotidien. Ce besoin n’a pas cessé depuis.