Les épiceries croulent sous les demandes de livraisons
Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, 21 mars 2020
Confinés à la maison, les clients passent maintenant leurs commandes en ligne ou au téléphone
Les épiceries sont submergées par les commandes en ligne et téléphoniques et peinent à répondre aux demandes de clients, qui respectent les consignes en restant à la maison.
Au Marché Esposito de l’arrondissement Saint-Laurent, à Montréal, le téléphone ne dérougit pas depuis le début de la crise de la COVID-19, confirme le gérant John Esposito.
« On a trois fois plus de commandes, si bien qu’on doit en refuser ; on n’arrive pas à toutes les prendre », explique-t-il.
Avant la crise, il avait une employée pour répondre à la demande. Elles sont maintenant deux. Et il aimerait en embaucher d’autres. Sauf que malgré les pertes d’emplois partout au Québec, il peine à trouver des employés.
« Le monde a peur de la COVID-19, ils ne veulent pas forcément travailler. Mais je peux les comprendre, je ne les blâme pas. »
Peter Mourelatos, de l’épicerie du même nom à Montréal, explique lui aussi que le nombre de commandes par courriel ou téléphone a explosé en une semaine.
Cinq fois plus
« Normalement, on fait 20 livraisons quotidiennes, là on est rendu au-delà de 100. Il y a presque trop de commandes », dit-il avec le sourire, tout en préparant celles reçues pendant qu’il s’entretenait avec Le Journal.
Pour répondre à la demande, il a dû recruter des bras pour épauler son seul livreur. Ils sont maintenant trois, mais M. Mourelatos envisage d’en embaucher deux autres.
Pour Franck Hénot, propriétaire de l’Intermarché Boyer, sur le Plateau Mont-Royal, pas question de laisser tomber les clients malgré la hausse vertigineuse de la demande.
« Nous sommes devenus indispensables pour nombre de gens confinés à la maison », insiste-t-il.
« Je livre gratuitement, car mes principaux clients par téléphone sont des personnes âgées, dit-il. Mes clients paient par carte de crédit au téléphone ou avec le terminal du livreur. Mes gérants font des semaines de sept jours, mais ça ne pourra pas durer comme ça pendant des mois. »
Sites en panne
« Normalement, j’ai trois commandes par jour ; ce matin, j’en ai eu 17, souligne M. Hénot. C’est certain qu’avec l’aggravation de l’épidémie, les ventes n’arrêtent pas de monter. On bat des records. Et quand les sites web des grandes bannières plantent, nos commandes téléphoniques explosent. »
La hausse de la demande a effectivement causé des problèmes technologiques et les sites des principales bannières ont flanché ces derniers jours.
Plusieurs marchands confirment que le délai de livraison s’est allongé et qu’il varie désormais entre trois et cinq jours.
Certaines épiceries ne prennent d’ailleurs plus de commandes avant la semaine prochaine.
– Avec la collaboration de Roxane Trudel et Stéphane Alarie
DIFFÉRENT D’UNE ÉPICERIE À L’AUTRE
Metro
Les frais de livraison et de préparation varient entre 8 et 12 $. Montant minimal d’achat de 50 $. Hier, le délai était jusqu’à sept jours dans certaines succursales.
Maxi et Provigo
Pas de livraison à domicile, mais il est possible d’aller cueillir sa commande. Un commis apportera votre marchandise à votre voiture. Montant minimal d’achat de 30 $. Hier, le délai était jusqu’à sept jours dans certaines succursales Maxi et deux jours dans certains Provigo.
IGA
Les frais de livraison et d’assemblage varient selon les succursales.
Montant minimal de 50 $. La livraison est gratuite pour les 70 ans et plus. Vous pouvez sélectionner l’heure et la date voulues pour la livraison. Hier, le délai atteignait au moins deux jours dans certaines succursales. Il a fallu attendre trois heures pour avoir accès au site.
Super C
Le service d’épicerie en ligne n’est pas offert.
– Le Journal de Québec