Covid-19 : Ne jamais lâcher et… préserver ses liquidités

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Publié sur le site web du Réseau M, 2 avril 2020

On peut lire l’article ici.

C’est le message de Jade Tremblay, entrepreneur et mentoré, pour qui la pandémie représente une formidable opportunité de se réinventer.

À l’automne 2016, Jade Tremblay a lancé un jeu de société, Totem, après un an de réflexions et de conceptualisation. Depuis, Jade et sa conjointe, qui travaille aussi dans l’entreprise, accumulent les succès.

Totem, traduit en quatre langues et imprimé en Chine, est distribué dans une trentaine de pays, à partir de l’Ontario, des États-Unis et du Royaume-Uni. Le jeu est vendu chez des détaillants, mais principalement sur internet, par le site web de l’entreprise (equipetotem.com), mais surtout par Amazon aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en France. Le chiffre d’affaires est réalisé à 88% hors du pays. Jusqu’à présent, les ventes totalisent plus de 35 000 exemplaires, en majorité chez nos voisins du sud. Totem vend entre 800 et 1000 jeux par mois sur Amazon USA. L’entreprise connaissait une énorme percée en France depuis quelques mois.

Puis, la pandémie de Covid-19 a frappé le monde.

« Du jour au lendemain, nos revenus sont tombés à zéro, explique Jade Tremblay. On est aussi victime des circonstances : nous sommes en rupture de stock sur tous nos marchés. Or, comme nos jeux sont fabriqués en Chine, où la pandémie a commencé, notre inventaire y est bloqué depuis plus de deux mois. On a donc cessé d’alimenter le marché européen. Il a fallu rapidement adopter un plan B. Mais le plan B n’a pas fonctionné lui non plus. »

M. Tremblay s’est tourné vers une imprimerie québécoise pour produire assez de jeux pour alimenter les États-Unis et le Québec. D’autant plus que Totem est en vedette à l’émission Les Dragons, la semaine prochaine. Le timing jouait donc en sa faveur… jusqu’à ce que le gouvernement du Québec ferme toutes les entreprises non essentielles. L’imprimeur n’a donc pas pu livrer la marchandise.

En mode réaction

On dit souvent que les entrepreneurs sont des champions pour voir des opportunités en toutes circonstances. « Certes, mais on excelle aussi à ne pas se laisser abattre », lance Jade Tremblay dans un grand éclat de rire.

Car le couple, qui ne s’accorde aucun revenu depuis deux mois, s’est résolu à envoyer ses trois employés au chômage et à mettre en pause sa dizaine de collaborateurs ainsi que ses équipes alimentant les réseaux sociaux.

« On veut préserver nos liquidités au maximum pour passer au travers, explique l’entrepreneur. On en profite pour réfléchir à l’avenir et mettre en branle divers projets. »

M. Tremblay et sa conjointe disposent quotidiennement d’une demi-journée chacun pour y parvenir, car ils sont en garde partagée à la maison. Chacun s’occupe à tour de rôle de leur fils de quatre ans. Ils assument désormais eux-mêmes la présence sur les réseaux sociaux. Et ils ont ravivé le projet, abandonné il y a deux ans, de version virtuelle de Totem.

Des projets

« À l’époque, on connaissait une croissance trop importante pour assumer aussi ce projet, dit-il. On l’a relancé sous forme allégée. On a fait le Totem du premier ministre Legault et de certaines personnalités publiques très impliquées dans la crise. On travaille aussi à une version collective, destinée par exemple aux travailleurs de la santé. On veut que les gens envoient des ondes positives à ceux qui les inspirent. » Toutes ces versions seront disponibles à partir du site internet.

Avant de se lancer en affaires, Jade Tremblay était ingénieur en informatique. Il code donc lui-même les adaptations virtuelles de Totem, dont des poissons d’avril et des images à colorier. Il travaille en collaboration avec de la main-d’œuvre bon marché basée en Amérique du Sud. Il peaufine toute une série de cartes Qualité et Animales virtuelles (v. l’explication du jeu en encadré). « Les gens vont faire leur choix et les cartes qui emporteront le plus d’adhésion seront affichées sur un mur virtuel, sur lequel on inscrira toutes les qualités et commentaires retenus publiquement », dit-il.

L’entrepreneur réfléchit aussi à une activité de teambuilding virtuel qu’il entend offrir aux PME, question de profiter de la vague de télétravail qui accompagne la pandémie. « C’est une façon de monétiser ce qui nous arrive, dit-il. J’espère offrir ce produit quand tout va revenir à la normale. »

Des leçons de la crise

Jade Tremblay retient plusieurs leçons de cette crise :

  • Tout peut aller très vite : c’est important de préserver les liquidités pour se donner de l’espace pour se réinventer. « Si t’as plus d’argent, t’as plus d’espace pour faire quoi que ce soit », dit-il.
  • Se préparer pour le long terme : « Je suis un coureur de marathon et cette crise peut s’étirer, poursuit-il. Aussi bien en profiter pour réfléchir et prendre le temps de bien faire les choses. Surtout si ça s’étire sur six mois avant que ça revienne à la normale. »
  • Toujours garder la bonne humeur : « Le découragement, ça ne fait tout simplement pas partie de moi, dit-il en riant. Je ne manque pas d’enthousiasme, malgré les circonstances. »
  • Maintenir le lien avec son mentor : « On s’est parlé au début de la crise et rien ne nous empêchera de nous voir chaque mois », ajoute-t-il.

En fait, Jade Tremblay a une longue liste de sujets à échanger avec son mentor. Et cette liste s’allonge chaque jour. « On est dans une période de changements rapides, dit-il. En deux semaines, on a viré bout pour bout! Il a fallu s’adapter. Ça entraîne son lot de préoccupations. Cette relation est plus précieuse que jamais. J’ai beaucoup de choses à discuter », conclut-il en riant.

 

C’est quoi, Totem?

Totem est basé sur les recherches scientifiques dans le domaine de la psychologie positive. Un s’agit d’un courant de la psychologie très en vogue de par le monde, qui est soutenu par la théorie de l’autodétermination, qui est notamment promue par le Dr Jacques Forest, professeur à l’UQAM. Cette théorie est basée sur la découverte de nos forces personnelles, le besoin d’affiliation et d’autonomie.

Le jeu est composé de 80 cartes animales et de 80 autres exprimant chacune une qualité. Un des participants reçoit un totem : toute l’attention est tournée vers lui. Celui-ci distribue sept cartes à chacun des autres joueurs : chacun en choisit une qui, selon lui, représente le mieux la personne qui a le totem. Par exemple : la grenouille « rebondit toujours après une épreuve », le renard « gère de main de maître les situations compliquées », ou la gazelle « se présente de manière élégante et soignée »… La personne qui a choisi l’animal doit justifier son choix en donnant un exemple ou une anecdote qui appuie le propos de la carte. Le joueur doit donc exprimer pourquoi elle apprécie d’avoir dans sa vie la personne qui a le totem.

« Ça arrive très peu souvent qu’on reçoive un tel propos à notre égard, explique M. Tremblay. Le jeu permet de recevoir de l’amour! Alors que la personne qui détient le totem doit maintenir le silence, les autres joueurs doivent débattre quelle sera la carte animale qui la représente le mieux. Elle subit, en quelque sorte, un débat sur ses forces et ses qualités. » Le processus se répète ainsi pour chacun des joueurs. Le jeu offre 6400 possibilités de totems…

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