Dis­tan­cia­tion par­fois dif­fi­cile dans les cor­ri­dors sa­ni­taires

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Pu­blié dans le Jour­nal des voi­sins.com, 2 juillet 2020

On peut lire l’ar­ticle ici.

L’ar­ron­dis­se­ment d’Ahunt­sic-Car­tier­ville a com­mencé à dé­man­te­ler cer­tains cor­ri­dors sa­ni­taires ins­tal­lés pour la pan­dé­mie de Co­vid-19. Les autres de­meu­re­ront pour l’été, même si, par­fois, ça dé­borde de par­tout.

Plu­sieurs ci­toyens se plaignent que le cor­ri­dor sa­ni­taire de la rue Fleury, sur La Pro­me­nade, est par­fois en­gorgé. Mal­gré les af­fi­chettes in­ci­tant les ci­toyens à ne pas se ser­vir des blocs de bé­ton comme bancs, plu­sieurs s’y ins­tallent pour dé­gus­ter leur crème gla­cée. Ré­sul­tat : il se pro­duit des en­gor­ge­ments. Les règles de dis­tan­cia­tion phy­sique sont alors de moins en moins ou pas res­pec­tées ces jours-là.

« Quand il a fait très beau, fin mai, il y avait plein de monde cordé de­vant les crè­me­ries et un peu par­tout dans les cor­ri­dors », com­mente De­nise Tru­del, une ci­toyenne qui est in­ter­ve­nue pu­bli­que­ment sur le su­jet, no­tam­ment sur la page Fa­ce­book le Ba­zar d’Ahunt­sic.

Mme Tru­del y a même pu­blié des pho­tos sur le phé­no­mène. Elle a ré­colté plu­sieurs di­zaines de com­men­taires, tous des gens d’ac­cord avec elle.

« Le pro­blème s’est sou­vent ré­pété de­puis et je me de­mande si l’ou­ver­ture des ter­rasses va l’em­pi­rer, s’in­ter­roge-t-elle. De­vant des épi­ce­ries, comme Ra­chelle-Béry, le cor­ri­dor n’est pas large et la file d’at­tente di­mi­nue la marge de ma­nœuvre des per­sonnes qui passent par là. Les gens se frôlent sou­vent dans les cor­ri­dors. »

In­ter­ro­gée à ce su­jet, la mai­resse de l’ar­ron­dis­se­ment, Émi­lie Thuillier pré­cise que pour que cela fonc­tionne, les au­to­ri­tés doivent pou­voir comp­ter sur la col­la­bo­ra­tion et le bon ju­ge­ment des com­mer­çants et des ré­si­dants.

« Je les uti­lise tous les jours, confie la mai­resse de l’ar­ron­dis­se­ment, Émi­lie Thuillier. Ils sont très utiles pour per­mettre une bonne flui­dité, mal­gré les files d’at­tente. On a mis des af­fiches sur les blocs de bé­ton pour aver­tir le pu­blic qu’il est in­ter­dit de s’y as­seoir. . Sou­vent de­vant les crè­me­ries, les com­mer­çants de­mandent au pu­blic de se dis­per­ser, mais on ne peut pas leur de­man­der de jouer le rôle des po­li­ciers. Et ces der­niers sont les seuls avec les pou­voirs de coer­ci­tion pour faire res­pec­ter les règles sa­ni­taires. Et ils in­ter­viennent quand il le faut. »

La mai­resse es­time que les cou­loirs fonc­tionnent plu­tôt bien et que les gens vont ap­prendre à s’y adap­ter avec le temps.

« D’un point de vue sa­ni­taire, ce se­rait bien pire sans les cor­ri­dors », ajoute-t-elle.

Ailleurs, les cor­ri­dors ins­tal­lés sur Saint-Laurent et Henri-Bou­rassa étaient sous-uti­li­sés ou car­ré­ment bou­dés par la po­pu­la­tion. L’ar­ron­dis­se­ment a donc en­tre­pris de les dé­man­te­ler.

Car­tier­ville, à part

Cer­tains ci­toyens se plaignent qu’il n’y ait au­cun cor­ri­dor sa­ni­taire dans Car­tier­ville. Ef­fie Gian­nou, conseillère de Bor­deaux-Car­tier­ville, a pro­posé quelques tra­cés, là où, d’or­di­naire, il y a des files d’at­tente de­vant les com­merces.

« On a fi­na­le­ment re­jeté l’idée, car, contrai­re­ment à la rue Fleury par exemple, il y a am­ple­ment d’es­pace sur les trot­toirs, les ter­rains pri­vés et les sta­tion­ne­ments pour que les gens puissent cir­cu­ler en main­te­nant la dis­tan­cia­tion so­ciale, com­mente l’élue. C’est le cas au­tour des en­droits les plus acha­lan­dés : les Ga­le­ries Nor­man­die et, en face, la phar­ma­cie Jean Coutu, sur le boul. Sa­la­berry, ainsi que l’autre phar­ma­cie Jean Coutu sur le boul. Gouin, angle Ran­ger, et le Mar­ché C&T, boul. Lau­ren­tien, angle Émile-Nel­li­gan.»

Pié­ton­ni­sa­tion

De­nise Tru­del re­con­naît que l’ar­ron­dis­se­ment a fait les ef­forts qu’il fal­lait. Mais elle ai­me­rait que les au­to­ri­tés aillent plus loin : en trans­for­mant car­ré­ment la rue Fleury est  en ar­tère pié­tonne jus­qu’à la fin de la pan­dé­mie.

Une so­lu­tion que re­jette d’em­blée la mai­resse de l’ar­ron­dis­se­ment.

« On a choisi de tra­vailler avec les so­cié­tés de dé­ve­lop­pe­ment com­mer­cial (SDC) pour tran­cher cette ques­tion, dit-elle. Elles ont sondé leurs membres et l’ap­proche a dif­féré entre Pro­me­nade Fleury et Fleury Ouest. Comme élus, nous sommes confor­tables avec ces dé­ci­sions, car ces or­ga­nismes sont proches de leurs membres et connaissent leur opi­nion. »

Mme Thuillier re­con­naît qu’en ma­tière de Co­vid-19, rien n’est ja­mais noir et blanc.

Pour les di­ri­geants de la Pro­me­nade Fleury, qui s’étend entre Saint-Hu­bert et Pa­pi­neau, tout est une ques­tion de géo­gra­phie et de pu­blic cible.

« Pour toutes les ar­tères com­mer­ciales de Mont­réal, les dé­ci­sions sont prises en fonc­tion de la den­sité de la po­pu­la­tion lo­cale, la pro­ve­nance de la clien­tèle, le mix com­mer­cial (res­tau­ra­teurs, vie noc­turne, bu­reaux, pro­fes­sion­nels, com­merce lo­caux ou de des­ti­na­tion, ser­vices pu­blics) », ex­plique Fran­çois Mo­rin, di­rec­teur gé­né­ral de la Pro­me­nade Fleury.

Concer­nant la non-pié­ton­ni­sa­tion de La Pro­me­nade, M. Mo­rin si­gnale que la si­tua­tion pour­rait être dif­fé­rente l’an pro­chain.

« On a re­jeté l’idée de pié­ton­ni­ser 100% de la rue sur­tout à cause de fac­teurs ex­té­rieurs, comme les tra­vaux sur les rues Sau­riol et Prieur, qui com­pliquent la mo­bi­lité est-ouest pour pié­tons, cy­clistes et au­to­mo­biles, et qui sont pa­ral­lèles à notre rue, dit-il. Cela dit, ça pour­rait être dif­fé­rent l’an pro­chain. On verra! »

M. Mo­rin re­con­naît que cer­tains usa­gers de la rue ne res­pectent pas les consignes et fi­nissent par s’ag­glu­ti­ner, no­tam­ment au­tour des crè­me­ries. Il de­mande à la po­pu­la­tion de res­pec­ter la si­gna­li­sa­tion et les consignes :

« Un cor­ri­dor, c’est fait pour pas­ser », dit-il.

Sur Fleury Ouest, on a opté pour pié­ton­ni­ser une par­tie de la rue à 100%. Pour ce tron­çon de la rue Fleury, qui s’étend de la rue Meilleur à Saint-Laurent, la pié­ton­ni­sa­tion al­lait de soi, pour Maude Thé­roux-Sé­guin, pré­si­dente du conseil d’ad­mi­nis­tra­tion de la SDC Quar­tier-Fleury Ouest. On es­père donc que Fleury Ouest de­vienne ainsi une des­ti­na­tion, qui per­met­tra d’at­ti­rer éga­le­ment une clien­tèle ve­nant de l’ex­té­rieur du quar­tier.

Il fau­dra donc at­tendre à la fin de l’été pour me­su­rer l’im­pact de toutes ces ex­pé­riences me­nées à l’oc­ca­sion de la pre­mière pan­dé­mie mon­diale de grande am­pleur de­puis la grippe es­pa­gnole, il y a un siècle.

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