Reprendre le contrôle de ses finances : mode d’emploi

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Publié dans le magazine Virage, automne 2020

On peut lire l’article ici.

Alors qu’on apprend à composer avec la normalité variable imposée par le coronavirus, les finances personnelles de millions de personnes sont en lambeaux. Comment reprendre le contrôle ? Par des choix souvent douloureux.

Avant la pandémie, un ménage canadien sur trois vivait d’un chèque de paie à l’autre et le ratio d’endettement se situait à 176,23 %. C’est donc dire qu’un ménage canadien moyen devait 1,76 $ pour chaque dollar gagné.

Ces derniers mois, nombreux sont ceux qui ont pelleté leurs problèmes en avant quand banquiers et gouvernements les ont « accommodés ». Aujourd’hui, ils doivent débrancher leur respirateur artificiel financier.

Changer de cap

Évidemment, chaque cas est différent. Un préretraité qui a encore huit ou dix ans devant lui, et dont l’employeur a disparu, a peut-être l’occasion de se réinventer dans un autre domaine.

Sinon, est-ce possible de continuer comme avant ? Pas pour une majorité des personnes dont les revenus ont été affectés par la crise sanitaire. « Chacun devra faire un examen de ses finances personnelles. Surtout si les dettes ont augmenté », affirme Martine Marleau, conseillère budgétaire à l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF) de l’Est de Montréal.

« De nombreuses personnes avaient un plan de remboursement, des objectifs d’épargne, une date de retraite, poursuit-elle. Aujourd’hui, ça ne tient plus. »

Pour beaucoup, la valeur des placements a baissé. « Certains devront repousser leur retraite d’un an ou deux. Ou même plus, reprend-elle. D’autres devront travailler à temps partiel après la retraite. »

Le bon vieux budget

Pour reprendre le contrôle, il faut donc avoir une bonne connaissance de sa situation financière. « Et le meilleur moyen d’y arriver, c’est de faire un bon vieux budget », explique Sonia St-Pierre, porte-parole de l’ACEF du

Grand-Portage.

« Vous pourrez ainsi connaître l’état de vos actifs et dettes, mesurer précisément votre marge de manœuvre et, surtout, faire une projection de vos revenus et dépenses pour la prochaine année et pour vos besoins futurs », ajoute-t-elle.

Pas de dettes ?

Auparavant, on soutenait qu’il fallait prendre sa retraite libre de dettes. C’est de moins en moins vrai. « C’est un idéal, mais ce qui importe, c’est que les revenus d’emploi ou de rentes dépassent le coût des dettes et les dépenses courantes », tranche Martine Marleau.

« De nombreuses personnes ont habité des résidences luxueuses, se sont divorcées, ont aidé leurs enfants et ont soutenu leur train de vie avec leur marge de crédit hypothécaire, constate Gaétan Veillette, fellow administrateur agréé et planificateur financier chez Groupe Investors. Il leur faut donc ajuster leur coût de vie à la baisse en fonction des revenus, plutôt qu’effectuer des retraits dans les placements, qui ont une incidence fiscale. »

Certains utilisent leur marge de crédit hypothécaire pour consolider leurs dettes, car ils veulent demeurer propriétaires. C’est même parfois moins coûteux de rembourser la marge que d’être à loyer ! Mais il faut être discipliné.

Pour Sonia St-Pierre, si la valeur des actifs dépasse celle des dettes une fois à la retraite, les revenus doivent tout de même couvrir tous les besoins. Il faudra donc réexaminer les projets de retraite pour s’assurer d’en avoir les moyens.

Martine Marleau, elle, se méfie du principe voulant qu’un retraité encaisse 70 % des revenus d’emploi à la retraite pour arriver. « Certains se contentent du jardin communautaire ou de balades à vélo, dit-elle. Mais, en règle générale, les projets de retraite, ça coûte cher. Pour ma part, je m’organiserais pour me serrer la ceinture et rembourser mes dettes en accéléré, avant de quitter le marché du travail. »

Par ailleurs, pour beaucoup de familles, le retour à la normale ne changera rien, puisqu’elles ont peu consommé pendant la crise sanitaire. Certains ménages ont même beaucoup d’argent à dépenser !

À l’école de la retraite

Dans tous les cas, Martine Marleau suggère fortement à ceux qui se posent des questions de suivre un atelier de préparation à la retraite offert par l’ACEF de leur région. Et de consulter un planificateur financier. Le plus tôt possible.

L’APPLI BUDGET EN LIGNE À LA RESCOUSSE

L’ACEF du Grand-Portage propose un outil simple et pratique pour (re)prendre le contrôle de vos finances personnelles : l’application Budget en ligne. Elle est gratuite sur le Web, au budgetenligne.net et coûte 5,49 $ sur votre téléphone.

 

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