Le problème des Bernaches ne s’envolera pas de sitôt

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Publié dans le Journal des voisins.com, 6 septembre 2020

On peut lire l’article ici.

Depuis quelques années, des groupes de Bernaches sont de plus en plus nombreux dans les parcs de l’arrondissement. Leurs excréments représentent un gros problème.

Bernaches sur le terrain de l’école Sophie-Barat (Photo: jdv P. Rachiele)

L’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville est situé au cœur de la zone de reproduction de la Bernache du Canada, tout comme de nombreuses municipalités québécoises, surtout celles situées près des cours d’eau ou des lacs. Les Bernaches prolifèrent de plus en plus en milieu urbain, où elles n’ont pas de prédateur et où la chasse est interdite, comme c’est le cas à Montréal. Les pelouses bien entretenues des parcs publics sont de vrais garde-manger pour elles.

Journaldesvoisins.com a déjà abordé la question en 2016. La prolifération des Bernaches s’est spectaculairement intensifiée depuis.

Déjections de Bernaches au parc Stanley (Photo: jdv P. Rachiele)

En milieu urbain, le phénomène, relativement récent, crée des problèmes, car une Bernache adulte produit jusqu’à un kilo de déjections par jour. Des citoyens se plaignent de pelouses complètement couvertes.

« Toute la surface gazonnée et les sentiers sont couverts d’excréments. Certains parcs vont devenir insalubres ou délaissés par leurs utilisateurs », constate Sylvain Bruneau dans un courriel au journaldesvoisins.com datant de la mi-août.

Les parcs les plus touchés sont Notre-Dame-de-la-Merci, l’Île-de-la-Visitation, Nicolas-Viel, Raimbault, Saint-Paul-de-la-Croix et Ahuntsic, où il y a un étang. Ce sont donc des parcs très fréquentés.

Bar ouvert

« On a beaucoup de végétation dans nos parcs, dont elles raffolent, affirme Émilie Thuillier, mairesse de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. Les Bernaches prolifèrent de plus en plus ces dernières années et, en plus, elles deviennent agressives. Surtout quand les gens refusent de les nourrir. Or, beaucoup de citoyens nourrissent encore les animaux sauvages, dont les Bernaches, alors qu’on apprend dès l’école élémentaire qu’il faut éviter de le faire. »

Devrait-on installer des pancartes incitant les gens à ne pas nourrir les bernaches? Mme Thuillier y songe, mais considère cette solution plus ou moins efficace. Car certains citoyens s’entêtent à nourrir les animaux sauvages.

D’autre part, elle explique que les coyotes ne sont apparemment pas des prédateurs pour la Bernache :

« Je vous le dis parce qu’un citoyen m’a suggéré d’en relâcher quelques-uns sur notre territoire, dit-elle. Ça ne marchera pas. »

Par contre, la mairesse fait un lien entre les Bernaches et les coyotes, dont la prolifération récente dans le nord de la métropole a tourné en crisependant quelques années, jusqu’en 2019.

« Montréal n’a pas de service de la faune, mais la métropole a des employés dans ce domaine, dit-elle. Je suis d’ailleurs responsable du dossier des coyotes pour Montréal et j’aimerais l’être pour les Bernaches. En fait, j’ai fait plusieurs démarches auprès de la Ville-centre pour contrôler leur prolifération. »

Il existe plusieurs techniques dans le domaine, mais leur efficacité est variable. L’effarouchement, en lâchant des chiens entraînés à les poursuivre sans les tuer, ne fonctionnerait pas en ville, où on ne fait que déplacer le problème. Évidemment, la pyrotechnie, largement utilisée en milieu agricole, est hors de question en milieu urbain.

« Un moyen plus efficace de limiter leur reproduction est d’enduire leurs œufs d’huile naturelle, pendant l’été et à l’automne, ce qui empêche leur éclosion », explique Marie-Ève Castonguay, propriétaire du Groupe Fortin-Prévost, une entreprise spécialisée dans la gestion de la faune, qui travaille avec plusieurs municipalités pour contrôler les Bernaches. Lorsque les œufs n’éclosent pas, les parents se dispersent, dit-elle. Mais, pour procéder de la sorte, il faut convaincre le Service canadien de la faune, qui délivre un permis en conséquence. Un fait demeure, quand les Bernaches sont installées à un endroit, c’est pratiquement impossible de toutes les déloger. »

Les agents fédéraux sont donc les seuls à donner leur accord, mais Ottawa ne bouge pas rapidement dans ce dossier, reprend Émilie Thuillier, qui va demander l’intervention prochaine de la députée fédérale d’Ahuntsic-Cartierville, Mélanie Joly.

Priée de commenter le dossier, Mme Joly n’a jamais retourné nos multiples appels.

Un oiseau emblématique

La Bernache du Canada, qu’on appelle aussi Outarde, est un oiseau migrateur apparenté à l’Oie. On la reconnaît pour son fameux vol en V.

C’est un animal social : elle vit et se déplace en groupe. Elle mesure entre 127 et 185 centimètres d’envergure et pèse entre 2,6 et 6,5 kilogrammes. C’est le plus gros oiseau de son espèce.

Elle passe l’hiver dans le sud des États-Unis et sa zone de reproduction, en été, s’étend des États du nord des États-Unis jusqu’au Grand nord du Canada. Plusieurs groupes de Bernaches ne passeront que quelques mois au sud, au plus fort de l’hiver, et reviennent chez nous. La saison de nidification s’est ainsi grandement étirée avec les années. Beaucoup de Bernaches américaines se mêlent aux canadiennes et s’installent également chez nous pour l’été.

La Bernache construit son nid près de l’eau et passe autant de temps sinon plus sur la terre ferme à nourrir ses oisillons. Elle consomme des plantes poussant près du rivage et, surtout, des graminées, comme du gazon. Elles adorent les pelouses bien entretenues…

Un couple de Bernaches a en moyenne six oisillons par année. Elles doivent se fixer dans un territoire hospitalier durant plusieurs semaines au moment de leur mue annuelle (elles remplacent leurs plumes), accompagnés de leurs jeunes oisillons… ce qui augmente les problèmes de cohabitation avec les humains.

Les Bernaches du Canada ont été réintroduites au Canada au milieu des années 1970, pour mousser la chasse et orner les parcs. De 2005 à 2018, le nombre de couples de Bernaches est passé de 6000 à 15 000 dans le sud du Québec. Aujourd’hui, c’est une espèce protégée.

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