Albert Dang-Vu : les opportunités de la pandémie
Publié dans le site web de l’Indice entrepreneurial québécois, 25 mars 2021
Après le choc, le rebond. C’est ainsi qu’Albert Dang-Vu, cofondateur et coprésident de Mirego, a traversé la pandémie. Retour sur une année de croissance exceptionnelle.
Q. Qu’est-ce que Mirego?
Mirego est une vedette du secteur techno québécois. Basée à Québec, cette PME, qui passait en mars sous la coupole de Premier Tech, aide les entreprises à réaliser leur transformation numérique. Elle accompagne ses clients dans la conception de produits numériques, notamment des applications. Fondée en 2007, elle compte 130 employés et a comme clients tant des PME que des grandes entreprises (BRP, La Presse, Du Proprio, Bell Fibe, Sobeys et le Canadien de Montréal, etc.).
Q. Depuis un an, comment résumes-tu ta vie d’entrepreneur?
Ce fut une année de résilience et de transformation. Pour la résilience: ça été clair que nous n’avions pas le choix de vivre avec la Covid-19. Pour la transformation: malgré une très forte culture d’entreprise, nous avons été obligés d’opérer un virage qui n’était pas naturel au départ. Nous avions l’habitude rester forts peu importe les circonstances. Il a fallu réapprendre à rester forts. Au début de la pandémie, ça a brassé, car nous avions un certain nombre de clients dans la restauration et l’aviation, parmi les secteurs qui ont le plus souffert de la crise.
Mais comme nous travaillons dans les nouveaux modèles d’affaires issus du numérique, nous étions particulièrement bien placés pour aider nos clients à accélérer leur transformation. À cause du télétravail et des nouveaux outils de communication, la majorité des clients a devancé leurs plans, qui auparavant étaient étalés sur les trois prochaines années et même plus.
Q. Que furent les changements pour ta compagnie avec la Covid-19?
En gros, la pandémie a eu du positif: ça a créé des opportunités d’affaires. Par contre, du point de vue de la gestion, de tomber à 100% en télétravail a entraîné une profonde réflexion sur notre avenir. Auparavant, on acceptait le télétravail pour dépanner. Quand la Covid est arrivée, on s’est dit qu’on en avait au moins pour un an à travailler à distance. On ne s’est pas trompés! On a appris à être flexibles. Quand surviendra le retour à la normale, certains vont continuer à télétravailler à plein temps, d’autres à temps partiel ou pas du tout. Entretemps, on a dû s’adapter en un temps record à ce type d’organisation du travail. On a notamment accordé des allocations pour que notre personnel puisse acheter du matériel pour travailler confortablement à la maison.
La pandémie a aussi compliqué les choses du point de vue du recrutement. C’est définitivement plus difficile de trouver du talent. Comme la transformation numérique des organisations s’accélère, la demande de talents a augmenté en conséquence. Mais il n’y a pas davantage de main-d’œuvre ni de finissants dans notre domaine. En TI, peu de gens attendent pour se dénicher du boulot. Et avec le travail à distance, les limites géographiques sont moins importantes. On a vu des compagnies américaines qui embauchent chez nous sans problème. Ils offrent de meilleurs salaires. Il a fallu s’adapter, encore. Si nous pouvions recruter plus rapidement, on le ferait!
Q. Comment s’est déroulée cette dernière année sur le plan personnel?
Dans les premières semaines de la pandémie, c’était assez difficile et stressant. Il fallait faire face à l’incertitude. Quand les clients mettent tout sur pause, ça entraîne un effet domino. Ils vont arrêter les projets avec les fournisseurs externes avant de congédier leur personnel, c’est normal. Mais dès que le gouvernement a bougé, on s’est rapidement replacés.
Comme je voyage moins, j’en ai profité pour recommencer à m’entraîner. Je fais du vélo d’intérieur. Je ne me souviens pas d’avoir été aussi en forme!
Évidemment, au début, ce fut un peu le bordel à la maison. Les enfants étaient un peu tannés du jour de la marmotte. Mais ils ont compris le contexte et se sont adaptés.
J’avoue que je m’ennuie de voir des gens, de souper ou de faire des activités avec eux. Mais je demeure optimiste. Je sais que le vaccin va aider au déconfinement, comme ailleurs dans le monde. Vous me demandez si je vais bien? La santé mentale est excellente. Je me considère chanceux d’être dans une industrie où ça se passe bien, où les opportunités se multiplient, où il est possible d’interagir convenablement à distance avec les clients et nos équipes. Il manque juste les interactions humaines, ce qui est compréhensible…
Q. As-tu eu du soutien, notamment gouvernemental, et a-t-il fait une différence?
Au début, nous avons bénéficié de la subvention salariale. Mais quand les ventes ont redécollé, nous n’étions plus éligibles. Mais c’est correct. Ce fut la seule forme d’aide gouvernementale que nous avons reçue.
En général, les programmes d’aide gouvernementaux ont insufflé de la confiance chez les entreprises; elles ont continué à investir. Ce qui a maintenu les contrats et les emplois chez des fournisseurs externes comme nous. Je suis très satisfait de la façon dont les gouvernements ont géré les choses depuis le début de cette crise.
Q. En date d’aujourd’hui, comment résumerais-tu la situation de ton entreprise?
Elle est vraiment bonne! On a évidemment beaucoup travaillé le leadership et la communication. Mais l’alignement des troupes est excellente. Les revenus sont là. Tout va bien!
On travaille sur nos plans de croissance et tout va mieux que prévu. On souffre évidemment du manque d’interaction humaine. On appelle d’ailleurs cela la « dette sociale ». On ne crée pas réellement d’amitiés sur Zoom ou Teams. C’est certain qu’on a hâte de se retrouver entre nous, d’interagir dans un même lieu physique.
Q. Comment vois-tu le futur de ton entreprise?
Le futur sera brillant! On envisage de nombreuses opportunités. On travaille activement sur des projets de croissance et des partenariats stratégiques. On veut notamment aller à l’international, réussir des projets qui ont davantage d’impact sur la vie des gens.
On vit une de nos meilleures années comme entreprise, et ça ne va pas ralentir, au contraire! Mais la croissance dépend de notre capacité à recruter davantage et à livrer des projets.
Q. La Covid-19 a-t-elle éteint ou allumé ta flamme d’entrepreneur?
Je me sens beaucoup plus ambitieux qu’avant! Les besoins numériques sont plus élevés qu’avant la pandémie. On réalise des choses qu’on ne faisait pas par le passé. La confiance et le leadership au sein de l’équipe n’ont jamais été aussi forts, malgré les contraintes. Personnellement, je vois beaucoup de plaisir à l’horizon!
Entrevue réalisée et écrite par Stéphane Desjardins.