Le repreneuriat : Et l’humain dans tout ça? | partie 2

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Publié dans le blogue du Réseau Mentorat, 22 octobre 2021

On peut lire l’article ici.

Passer le flambeau est une transaction délicate. Au-delà des chiffres, du rationnel, il y a l’humain. Faire fi des aspects émotionnels du repreneuriat, c’est s’exposer à de solides embûches.

De nombreux experts en comptabilité, fiscalité, planification stratégique, gestion de ressources humaines sont appelés à bonifier le processus singulier d’une reprise d’entreprise. C’est indéniablement une expérience hors du commun, tant pour le cédant que pour le repreneur.

Le Réseau Mentorat tenait, le 21 septembre 2021, un webinaire offrant un état des lieux et des témoignages d’un mentor et de son mentoré repreneur, qui sont « passés par là ».

Témoignage

Maxime St-Jean, PDG de Santinel, une firme de services-conseils en santé et sécurité au travail, et Pierre Genest, qui a œuvré une quarantaine d’années en TI, fondé et dirigé la firme Consortech pendant 25 ans avant de la revendre, puis accompagné, depuis, plusieurs repreneurs à titre de mentor, témoignent de l’importance d’avoir un mentor dans un processus de reprise d’entreprise. Tant pour le cédant que pour le repreneur.

« J’avais été approché par le fondateur pour reprendre les rênes de l’entreprise, confie M. St-Jean. Au départ, le processus de relève, c’était, à mes yeux, un exercice théorique. On avait un organigramme. On travaillait sur les enjeux organisationnels ou financiers, sur les forces de chacun dans l’entreprise. Nous étions surtout focalisés sur l’après. Mais lorsque survient la réelle passation des pouvoirs, c’est devenu tendu. C’est ici qu’un mentor fait toute une différence. »

Roxane Claessens, directrice, expérience client au Réseau Mentorat, pose alors une question toute simple à Pierre Genest : « Comme mentor, comment avez-vous aidé Maxime? »

« Il était mon premier cas de relève, confie M. Genest. J’ai rapidement vu des enjeux majeurs à plusieurs niveaux, car Maxime ne venait pas de la famille et il n’avait pas d’expérience comme entrepreneur. Je devais l’aider à se transformer en entrepreneur tout en décortiquant les réactions du cédant, même si celui-ci avait fait un excellent travail de préparation. »

On l’a souvent dit, le mentor s’intéresse à l’humain. « Il m’a permis de prendre le temps de m’élever au-dessus de la mêlée; de voir où j’en étais personnellement dans le processus, où je vais et comment mieux percevoir le cédant », détaille Maxime St-Jean.

Dans un processus de relève, il subsiste beaucoup de brouillard, insiste-t-il. Pendant la transition, il travaillait au sein de l’entreprise. Il côtoyait le cédant au quotidien. Certaines frustrations faisaient surface. « J’essayais d’interpréter son comportement, mais mon mentor me renvoyait constamment au mien! Il me permettait de voir le contexte d’un point de vue différent, notamment celui du cédant. Le mentor est neutre. J’avais confiance en lui », ajoute-t-il.

Vendre une entreprise est un processus difficile pour le cédant, insiste Mme Claessens. L’entrepreneur vit un deuil. Il droit transformer son style de vie. « C’est pour ça qu’on suggère que cédant et repreneur aient chacun un mentor durant toute la démarche de transmission », dit-elle.

D’autant plus qu’il subsiste toujours l’ombre d’une tierce partie dans une telle transaction, tant pour le cédant que pour le repreneur. « Dans une dyade traditionnelle, on tient parfois compte du conjoint ou de l’associé, reprend-il. Mais c’est épisodique. Dans un contexte de reprise, le cédant ou le repreneur est là en permanence pour le mentoré. Et il ne fait pas partie de la dyade. Ça complique inévitablement le rôle du mentor, d’autant plus qu’un grand nombre de spécialistes gravitent autour du cédant et du repreneur. »

« Notre rôle, comme mentor, n’est pas de se placer en porte-à-faux face à ces spécialistes, glisse-t-il. On doit se concentrer sur notre rôle : permettre à l’individu de cheminer. »

Maxime St-Jean a un message aux repreneurs et cédants en devenir : « Vous n’avez pas les moyens de vous passer d’un mentor. Ayez l’humilité de reconnaître que vous ne savez pas tout. Vous allez faire cette transaction une seule fois dans votre vie et vous ne pouvez pas vous pratiquer! Aussi bien bénéficier d’une expertise précieuse. »

Roxane Claessens conclut en annonçant que le Réseau Mentorat a développé un atelier de perfectionnement spécifiquement sur le repreneuriat, destiné aux mentors.

Consultez aussi le billet Repreneuriat : Et l’humain dans tout ça? – partie 1.

Un article signé Stéphane Desjardins.

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