Road trip en Abitibi-Témiscamingue

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Publié dans le magazine Virage version papier et web, 21 février 2022

On peut lire l’article ici.

Je voulais faire cette tournée depuis longtemps. Et en auto électrique ! L’itinéraire ? Partir de chez moi, à Sainte-Adèle, passer par l’Ontario, le parc national d’Opémican, Ville-Marie, le parc national d’Aiguebelle, Rouyn-Noranda, Val-d’Or, puis la route 117 vers le sud. Une boucle de 10 jours et environ 1 400 km.

Mes amis abitibiens m’avaient averti : on roule longtemps avant d’arriver à destination dans leur coin de pays… Mais ce périple m’a confirmé que l’Abitibi-Témiscamingue est l’un des secrets les mieux gardés du Québec !

Étape 1 : Opémican

Départ vers Lachute, Gatineau et Ottawa pour prendre la Transcanadienne (autoroute 417, route 17), jusqu’à Mattawa, puis la 533 et la 63 jusqu’à Témiscaming, du côté québécois de la rivière des Outaouais. Environ 25 km sur la route 101 nous mènent à la pointe d’Opémican, dans le parc national éponyme.

Après une journée de route, c’est merveilleux de s’asseoir sur la petite plage au fond d’une anse surplombée par de majestueuses falaises plongeant dans le lac Témiscamingue. Tout est si calme qu’on oublie que l’endroit fut, jusqu’à la fin des années 1970, un site de flottage de bois. Classé historique en 1983, le site est intégré au parc national inauguré en 2019.

Opémican signifie « le long chemin suivi par les tribus indiennes » en langue algonquine. Les Premières Nations avaient tout un flair pour dénicher les endroits stratégiques. Ils ont inspiré les premiers colons qui, en 1883, y ont fondé un petit village dont subsistent encore les vestiges. Quelques bâtiments très bien conservés font l’objet de passionnantes visites guidées. On dort dans de confortables prêts-à-camper, avec toutes les commodités, sauf toilettes et douches. À ne pas manquer : les sentiers des Piers, de la Prucheraie, de l’Inukshuk, de la Paroi aux faucons et de la Grande Chute. Autres attraits : canot ou kayak dans le secteur de l’île aux Fraises et à la pointe d’Opémican, où il y a une plage et une borne de recharge 7,2 kW.

Étape 2 : Ville-Marie

On se dirige vers Ville-Marie, 70 km au nord. Fondée par les Oblats et les sociétés forestières à la fin des années 1800, la ville est nichée dans une baie où se trouve un charmant petit port de plaisance, qu’on admire depuis notre chambre au-dessus des Chocolats Martine.

Au menu : visite de la Maison du Frère-Moffet, monument historique et plus ancienne demeure encore debout dans le Témiscamingue (1881), galerie du Rift, fromagerie le Fromage au village (à Lorrainville), verger des Tourterelles (Duhamel-Ouest) et Fossilarium (Notre-Dame-du-Nord). Un incontournable : la visite guidée du T.E. Draper et du chantier Gédéon, à Angliers, où l’on nous explique les conditions de vie parfois extrêmes à bord d’un remorqueur de bois et dans un camp de bûcherons il y a un siècle. On mange du fameux mexicain, juste en face au Piquan-T « Las Rebellas »; très bonne carte également au bistro Le bistro Ste-Anne de Ville-Marie. On déjeune à la Gaufrière.

Autre arrêt obligé : Obadjiwan Fort-Témiscamingue, une plage visitée depuis 6 000 ans par les Premières Nations. En 1720, les Français y installent un poste de traite, acquis en 1821 par la Compagnie de la Baie d’Hudson. On y admire la fabrication de véritables canots d’écorce et des maquettes grandeur nature montrant la traite des fourrures. Dodo et fameux repas à la Bannik, à l’exceptionnelle terrasse qui donne sur le lac.

Étape 3 : Aiguebelle

Après 173 km de route, on s’installe dans un prêt-à-camper du parc national d’Aiguebelle, dans le secteur Mont-Brun. Assis sur la ligne de partage des eaux des bassins de la baie James et du fleuve Saint-Laurent, le parc se distingue par les collines Abijévis, creusées par des lacs de failles spectaculaires.

On est ici surtout pour la randonnée. Certains sentiers sont sensationnels : celui de la Traverse, avec sa passerelle suspendue, ses marmites de géants et ses traces de volcanisme sous-marin, du Garde-feu et sa tour d’où l’on aperçoit notamment la fonderie Horne de Rouyn-Noranda, à 45 km, et celui des Paysages, avec son escalier hélicoïdal métallique de plusieurs étages planté à flanc de montagne et son pont flottant sur le lac Sault aux eaux limpides.

Étape 4 : Rouyn-Noranda

La capitale abitibienne regorge d’activités. On a retenu le MA, musée d’art le plus nordique du Québec, le magasin général Dumulon, plus vieux commerce de la ville, et juste à côté, le départ du très agréable Tour du lac Osisko avec des vélos conventionnels ou électriques prêtés par Vélo-Cité. De petits détours s’imposent : la murale-hommage à Richard Desjardins et l’église orthodoxe russe Saint-Georges.

Bonnes tables : Horizon Thaï, le Cachottier, l’Abstracto et la brasserie Le Trèfle noir.

Étape 5 : Malartic

Le Musée minéralogique de l’Abitibi-Témiscamingue ne s’oublie pas, avec son exposition sur la géologie de la région, ses minéraux fluorescents, son simulateur de tremblement de terre et son belvédère donnant sur la fosse de la mine Canadian Malartic, longue de 3 km et profonde de 400 m (la tour Eiffel en fait 324).

Étape 6 : Val-d’Or

On y fait deux visites totalement différentes, à commencer par celle des jardins à Fleur de peau, sur la rive du lac Blouin, véritable galerie d’art à ciel ouvert conçue par la plasticienne Francyne Plante et le sculpteur Jacques Pelletier. Suit la Cité de l’Or, tout près du village minier Bourlamaque. Cette fascinante visite guidée de l’ancienne mine Lamaque permet de découvrir les laboratoires et les installations où l’on transformait l’or et, surtout, l’inoubliable exploration de l’ancienne mine à 91 m sous terre, habillés en vrais mineurs !

Bonnes tables : bistro L’Entracte, microbrasserie Le Prospecteur, Balthazar Café; passage à la distillerie Alpha Tango, avec ses spiritueux à la quenouille.

Il nous faut environ 5 heures pour se taper les 438 km entre Val-d’Or et Sainte-Adèle, en passant par la magnifique réserve de La Vérendrye, un paysage lacustre démesuré et une fin heureuse pour un voyage mémorable.

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À savoir

  • Plus l’été avance, moins les insectes piqueurs dérangent. Fin août, ils avaient disparu.
  • Bornes électriques dans toutes les villes, rapides à Ville-Marie, Rouyn-Noranda et Val-d’Or.
  • Infos sur toutes les destinations : tourisme-abitibi-temiscamingue.org, 1 800 808-0706.

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Les frais pour ce voyage ont été en partie payés par Tourisme Abitibi-Témiscamingue.

Photo : Stéphane Desjardins

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