Daniel Lacombe?: l’entrepreneuriat dans le sang

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Publié sur le blogue du Réseau Mentorat, 9 novembre 2022

On peut lire l’article ici.

«?Je n’ai eu un employeur que pendant deux ans dans ma vie. Aussi bien dire que j’ai l’entrepreneuriat dans le sang. Conséquemment, je fais du mentorat parce que j’aime ça.?»

Ces paroles sont de Daniel Lacombe, qui est un vrai gars de Sherbrooke. Il y est né, y a fait ses études universitaires et s’est même impliqué au sein de Sherbrooke Innopole comme mentor. Mais Daniel Lacombe a aussi des racines en Beauce.

«?J’ai l’entrepreneuriat dans le sang parce que ma famille fait partie de celles qui ont fondé RONA il y a plus de 150 ans, dit-il. J’ai des souvenirs d’enfance au magasin général; un peu comme dans le film Mon Oncle Antoine.?»

Après avoir obtenu son baccalauréat en économie à Sherbrooke, il s’installe en France pour y poursuivre des études à l’Université Paris Dauphine-PSL. Puis, pendant un quart de siècle, il travaille à son compte comme consultant en amélioration de processus en entreprise. Il sillonne alors l’Europe et l’Afrique.

De retour au Québec, il fonde Consultation service de réseau (CRS), une firme de services-conseils en informatique. «?Je suis parti de zéro, dit-il. Au bout de six ans, nous étions passés de six à 50 employés.?» Il revend son entreprise à Cognicase (qui fut elle-même avalée par CGI) et retourne travailler en Europe pour faire de la commercialisation de produits pharmaceutiques. Puis il prend sa retraite.

«?Ça n’a pas duré très longtemps, relate-t-il. De retour en Estrie, on m’offre la direction d’un collège qui enseignait la technologie à une clientèle industrielle et qu’il fallait redresser. Il y a dix ans, avec ma collègue Sarah Turcotte, j’ai racheté l’entreprise et c’est devenu Solti Solutions TI, une société offrant des solutions intégrées et des activités de formation sur mesure en innovation et TI.?»

Devenir mentor par accident

Daniel Lacombe est arrivé au mentorat quasiment par accident. «?Le gérant de notre division entreprise était mentoré, se rappelle-t-il. J’ai rencontré son mentor?: ce dernier avait insisté pour me rappeler le soir même. Du jour au lendemain, je me suis retrouvé mentor. Il m’avait dit que j’avais plus d’expérience que lui en cette matière! Je n’en revenais pas. Ça fait douze ans de cela. Encore aujourd’hui, nous sommes mentors tous les deux.?»

Même s’il est devenu mentor par la bande, Daniel Lacombe avoue que lorsqu’il s’implique dans quelque chose, il ne le fait pas à moitié. «?J’ai suivi des formations, je suis devenu chef mentor en Estrie, je me suis impliqué dans le réseau, dans ma région et au national. Quand j’ai quitté ce rôle, récemment, nous étions 52 mentors, comparativement à 18, quand j’ai commencé. Et nous avions plus d’une centaine de mentorés.?»

Le mentorat?: pour s’offrir du recul

Impossible de ne pas poser à ce mentor d’expérience la question qui tue?: à quoi ça sert, le mentorat?

«?Le mentorat, c’est un peu le conseil d’administration que la majorité des entrepreneurs ne peuvent se payer, répond-il. Ça permet de s’offrir un peu de recul. Les entrepreneurs ne sont pas différents des autres humains?: ils aiment échanger. Le problème, c’est qu’il est difficile de jaser de ton vécu d’entrepreneur avec tes proches, car ils ne sont pas en affaires. Ils ne comprennent pas vraiment ce que ça implique. Les entrepreneurs sont alors souvent très seuls.?»

D’autre part, le mentor soulève des questionnements dont la majorité des mentorés connaissent instinctivement les réponses appropriées, signale-t-il. «?Mon premier mentoré vient d’embaucher son cinquantième employé, dit-il. Quand j’ai commencé avec lui, ils étaient quatre. Nous sommes toujours restés en contact. Je l’ai initialement mentoré pendant deux ans. Mais, au bout de six ans, nous avions repris, car il vivait des défis dans sa vie personnelle.?»

Pour Daniel Lacombe, le mentorat relève du principe de donner au suivant. Et pas juste pour de jeunes entrepreneurs. «?J’ai eu des mentorés plus âgés que moi, ajoute-t-il. Ils brisaient aussi leur isolement.?»

Le mentorat a aussi une incidence économique et sociale, insiste celui qui s’est impliqué dans la restructuration du Réseau Mentorat, ces dernières années. Parce que les entreprises dont les dirigeants sont mentorés sont plus solides. «?C’est indéniable que le mentorat participe au développement économique et social du Québec, dit-il. La majorité des mentors actuels n’ont pas bénéficié d’une relation mentorale, parce que, dans leur temps, c’était rarissime. Ils disent souvent qu’ils auraient fait moins d’erreurs s’ils avaient eu un mentor.?»

Il mentionne que, sans l’imposer, de nombreux organismes de soutien à l’entrepreneuriat, notamment Sherbrooke Innopole, insistent pour que leurs jeunes entrepreneurs s’engagent dans une démarche mentorale. «?Il y a plusieurs années, je faisais la tournée des caisses populaires et des banques en leur disant que le mentorat participait à la réussite des entrepreneurs, commente-t-il. Ils nous croyaient à moitié. Aujourd’hui, ils nous recommandent leurs clients.?»

Mais Daniel Lacombe s’implique dans le mentorat avant tout parce qu’il aime ça. «?Je ne le fais pas pour gagner des médailles. J’ai tout simplement été éduqué comme ça?: tu dois donner du temps pour les causes qui sont importantes pour toi.?»

NDLR : Daniel Lacombe fait partie des nominés pour le Prix Aline et Marcel Lafrance 2022 du Réseau Mentorat.

Propos recueillis par Stéphane Desjardins 

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