Bruit: le REM va-t-il gâcher la qualité de vie dans Cartierville?

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Publié sur le site web du Journal des Voisins, 17 mai 2023

On peut lire l’article ici.

Les gens qui habitent tout près du Réseau express métropolitain (REM) se plaignent du bruit. Or, la future antenne nord du REM longera Cartierville sur toute sa frontière sud.

CPDQ Infra, la filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec qui pilote le projet du Réseau express métropolitain (REM), mène actuellement des tests de fiabilité sur l’antenne sud (entre la Gare Centrale et Brossard) de son futur réseau. L’ouverture de ce tronçon, prévue initialement pour décembre dernier, a été reportée deux fois jusqu’à une date indéterminée, cet été.

Or, depuis quelques semaines, des riverains se plaignent du bruit généré par le passage des trains du REM, dans les quartiers de L’Île-des-Sœurs, Pointe-Saint-Charles et Griffintown. Rappelons que le concept du REM repose sur un service aux 2 minutes 30 aux heures de pointe et aux 5 minutes hors pointe, 20 heures par jour.

L’antenne nord, qui comprend aussi celle desservant l’aéroport Trudeau, longera le territoire de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville sur l’ancien train de banlieue de Deux-Montagnes, entre les autoroutes 13 et 15. Il passera donc à proximité des quartiers de Saraguay et de Cartierville et comportera deux stations desservant notre territoire, sur le boulevard Henri-Bourassa Ouest, à la limite de l’arrondissement de Saint-Laurent: Bois-Franc(à la hauteur du boulevard Marcel-Laurin) et Du Ruisseau (entre la rue Dutrisac et le boulevard Jules-Poitras).

À certains endroits, les résidences se trouvent à seulement quelques mètres des voies.

Chantier du REM le 25 aou?t 2022, station Du Ruisseau. (Photo: courtoisie REM/NouvLR)

Du bruit

Le 15 mai, le JDV a effectué quelques relevés dans Griffintown, à l’angle des rues Ann et Wellington, à une dizaine de mètres des voies du REM. 

À cet endroit, le murmure de la ville se situait autour de 60 décibels A ou dB (A). Chaque passage du REM générait un bruit se situant entre 80 et 90 dB (A). 

«Le murmure à 60 dB (A), c’est normal», explique Annie Ross, directrice du Laboratoire d’analyse vibratoire et acoustique (LAVA) de Polytechnique Montréal. «Le niveau de 90 dB( A) est comparable à un trafic routier normal.» En somme, rien de remarquable en matière de bruit dans un environnement urbain.

Mme Ross ajoute qu’une lecture effectuée à une dizaine de mètres des voies est appropriée. Mais il aurait fallu effectuer des relevés à l’intérieur des habitations ou sur les terrasses des condos environnants, ce que le JDV n’a pas pu réaliser.

Mme Ross ajoute que le niveau de bruit n’est pas le seul critère en ce qui a trait aux nuisances sonores. «Un bruit strident ou agressif est plus intolérable qu’un bruit sourd et continuel, insiste-t-elle. La fréquence est également importante, ainsi que le moment dans la journée.»

Le bruit produit par le REM n’est pas strident, mais il est fréquent. CPDQ Infra affirme sur son site Internet qu’elle mitige le bruit en utilisant des rails graissés (pour éviter le crissement des roues dans les courbes) et soudés (pour éviter le bruit de chocs aux joints), ainsi que des supports de caoutchouc sous la voie et des roues spécifiquement traitées. Les moteurs électriques sont également moins bruyants que ceux des locomotives conventionnelles, au diesel.

Sonome?tre pour mesurer les de?cibels. (Photo: MAGstd, courtoisie de pixabay.com)

Le règlement

Le règlement sur le bruit, adopté en mars 2023 par l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, précise que le niveau sonore maximal, entre 7 h et 22 h, doit être de 45 dB (A) dans une chambre à coucher (40 dB (A) de 22 h à 7 h), 50 dB (A) dans les autres pièces (45 dB (A) durant la nuit) et 55 dB (A) sur un balcon ou dans une cour arrière (48 dB (A) durant la nuit).

Ces  endroits sont normalement situés à une plus grande distance que celle où le JDV a effectué ses relevés. Or, plus on s’éloigne, plus le bruit diminue.

Toutefois, les résidants qui habitent près du REM insistent sur le fait que le bruit généré par le nouveau réseau de transport affecte profondément leur qualité de vie. Et que ce bruit est plus envahissant que celui généré par les autoroutes, boulevards et voies ferrées à proximité (ce qui sera le cas à Saraguay et Cartierville).

En réponse à nos questions, CPDQ Infra nous confirmait vendredi (19 mai) qu’elle avait procédé à une modélisation sonore cumulative du passage des voitures du REM pour une période de 24 heures pour toutes les zones sensibles du tracé (terrains résidentiels, récréatifs et institutionnels).

Politique sur le bruit routier. (Photo: image tire?e du document du ministe?re des Transports du Que?bec)

«L’analyse de cette modélisation a permis d’identifier les cas où le passage futur de la voiture du REM aurait un impact significatif sur le milieu, selon la grille d’analyse de la Politique sur le bruit routier du ministère des Transports du Québec. Dans ces cas, nous avons procédé à la mise en œuvre de mesures d’atténuation, telles que l’installation de murs antibruit», a répondu une porte-parole de l’organisme au Journal des voisins.

Cette dernière nous a aussi écrit qu’une fois que le REM sera en service: «Un programme de suivi sonore sera mis en place pour s’assurer que les mesures d’atténuation sont performantes et que les niveaux sonores correspondent bien à la modélisation. Si le suivi relève des impacts significatifs supplémentaires, des mesures additionnelles seront mises en place.»

Une fois complété, le REM comptera 26 stations et 67 km de voies. Le coût du projet est estimé à 7 milliards de dollars. Selon CPDQ Infra, l’antenne nord sera mise en service à la fin de 2024.

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