Prendre sa retraite endetté, une bonne idée ?

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Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, section Dans vos poches, 21 octobre 2023

On peut lire l’article ici.

Autrefois, on payait ses dettes avant de dire bye-bye boss. Aujourd’hui, des millions de retraités ont un passif. Est-ce une bonne idée ?

En 1999, moins de 30 % des ménages aînés (65 ans et plus) avaient des dettes. En 2016, cette proportion a grimpé à 40 %, selon des données de 2022 de l’Observatoire des inégalités. Chez les 56-65 ans, l’endettement a augmenté de 28,7 % entre 2016 et 2021, selon Equifax. Pour la même période, il a bondi de 47,5 % chez les 66 ans et plus.

Ces chiffres font peur, mais il faut mettre un bémol. Car il y a « bonne dette » et « mauvaise dette ». La première est l’hypothèque (car elle est appuyée par un actif), les dettes de consommation forment la seconde (cartes et marges de crédit, prêts personnels).

Selon diverses études, les « mauvaises » dettes représentent la seule source d’endettement pour 57 % des retraités. C’est inquiétant. Par contre, 20 % des retraités ont seulement une dette hypothécaire et 23 %, une combinaison de « bonnes » et de « mauvaises » dettes.

Changement de contexte

Les experts disent que les temps ont changé : si votre hypothèque et les dépenses liées à votre maison ne totalisent pas plus de 30 % de vos revenus de retraité, c’est acceptable.

Si vous ajoutez des « mauvaises dettes » à ce portrait, ça se corse. Car plus vous avez de dettes à rembourser, moins vous avez d’argent pour soutenir votre train de vie, vos projets et vos rêves de retraite.

Certes, l’accès à la propriété est plus difficile qu’avant. Mais l’introduction massive des marges de crédit hypothécaires a changé la donne.

Leur nombre a augmenté de 40 % depuis 2011, selon l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC). Leur popularité a permis d’étendre le crédit sur une plus longue période que les hypothèques traditionnelles.

« Les consommateurs ne comprennent pas nécessairement leur fonctionnement, estime Johanne Le Blanc, conseillère budgétaire chez Option Consommateurs. Ils voient ce type de crédit comme une façon d’accéder ou de conserver un certain confort ou un style de vie. »

De plus, certains besoins autrefois superficiels sont aujourd’hui essentiels : internet, télévision ou musique en streaming, téléphonie cellulaire, voyage annuel dans le sud, spa…

Bref, les gens ont étiré leur endettement tout au long de leur vie active. C’est une forme d’insouciance qu’ils paient chèrement à la retraite, car l’ère des taux d’intérêt au plancher ne reviendra pas de sitôt.

Certains le constatent douloureusement : 15 % des dossiers d’insolvabilité concernaient des personnes de 65 ans et plus en 2021, selon le Bureau du surintendant des faillites (comparé à 10 % en 2014). Or, faire faillite à 60 ans plutôt qu’à 40 ans est dramatique : vous n’avez que quelques années pour vous refaire.

CONSEILS

  • Vous avez 50 ou 60 ans ? Réduisez vos dépenses superflues (loisirs, vêtements, voyages) pour rembourser au plus vite vos dettes de consommation et les ramener à zéro le jour où vous prendrez votre retraite. Diminuez le plus possible le solde de votre marge de crédit hypothécaire : chaque mois, vous claquez une fortune en intérêts.
  • Idéalement, votre épargne de préretraité devrait représenter 20 % de votre revenu net annuel. Maximisez vos cotisations à votre compte REER.
  • Envisagez de repousser votre date de retraite pour diminuer votre endettement : une ou deux années font une grande différence !
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