Faire faillite avec 8000$ de dettes?
Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, Section Dans vos poches, 13 février 2014
On peut lire l’article ici.
Question d’un lecteur : comment s’y prendre pour faire faillite avec seulement 8000$ de dettes?
Pour certains, ça n’a pas d’allure de faire faillite avec 8000$ de dettes. C’est vrai si vous avez une maison à moitié payée et un salaire de 55 000$. Mais si vous êtes une mère de famille monoparentale avec deux enfants, payée au salaire minimum et votre dette est rattachée à une carte de crédit au taux de 28%, ça fait du sens.
« Pour votre dame, la faillite une libération, explique Caroline Soulard, de l’ACEF de la Rive-Sud. On dit toujours à nos clients de payer leur loyer, l’Hydro et la nourriture. Les dettes doivent venir après les besoins de base. Il faut habiller les enfants avant de payer la carte de crédit. »
Mme Soulard ajoute qu’il est important de rembourser ses dettes mais qu’il faut parfois inverser la vapeur. « Quand ça fait des années qu’il y a une détresse financière, faut que ça cesse, dit-elle. Mais la faillite doit être la dernière solution envisagée, car ça laisse des marques. »
Faire faillite n’est pas la meilleure solution. Mais si vous ne dormez plus à cause de vos problèmes d’argent, si vos créanciers ne vous lâchent plus, si vous ne pouvez plus payer vos factures, consultez l’ACEF la plus près de chez vous. Ces gens vont vous aider à poser un diagnostic. À partir d’informations objectives sur vos revenus et vos dépenses, vous verrez toutes les possibilités. Et ils vous référeront à un syndic de faillite au besoin.
Pas gratuit
Mais faire faillite, ce n’est pas gratuit. Vous devrez payer entre 125$ et 200$ par mois au syndic, sur une période de 9 à 21 mois avant votre libération. Après cette date, vos dettes sont effacées mais personne ne voudra vous prêter. Et votre dossier de crédit est marqué pour six ans. Mais certains créanciers accepteront, au bout de deux ans en moyenne, à vous prêter à nouveau, surtout si vous avez un emploi stable.
Faire faillite coûte donc 1500$ au minimum. Et, malgré la faillite, vous devrez payer votre pension alimentaire, votre prêt étudiant, vos amendes accumulées et vos dettes liées à une fraude ou un crime commis par vous.
« Ceux qui font faillite ont une dette moyenne de cartes de crédit de 21 000$, explique Pierre Fortin, président du syndic Jean Fortin & Associés. Mais si le solde est de 9000$ et que vous ne remboursez que 3%, ça représente tout de même 270$ par mois, soit 10% du revenu net au salaire minimum. Ça va prendre 18 ans pour effacer la dette. »
Si cette personne possède son logement, elle sera peut-être tentée de faire une proposition au consommateur, qui la mettra à l’abri de ses créanciers et réduira le total de ses dettes. Mais elle devra quand même les rembourser pendant des années.
Les experts disent que se serrer la ceinture au-delà de cinq ans pour payer des dettes, ça ne fait pas de sens du point de vue économique et surtout… mental! Si vous n’avez pas d’actifs à protéger (vos REER et retraite d’employeur ne sont pas saisissables, sauf exception), la faillite s’impose probablement, même avec aussi peu que 8000$ de dettes.
Vous êtes insolvable si :
• Votre passif (vos dettes) excède la valeur de vos actifs (argent à la banque, placements, valeur de la maison, etc.)
• Vous ne pouvez plus payer vos factures, votre loyer, vos dettes, votre impôt, votre nourriture
Nos conseils
• Courez à l’ACEF près de chez vous : vous allez mieux dormir
• Découpez toutes vos cartes de crédit
• Coupez toutes vos dépenses non-essentielles
• Tenez vous loin des services privés de négociation avec les créanciers ou de consolidation de dette : leurs taux sont exorbitants
• Ne comblez pas votre manque d’argent en utilisant votre carte de crédit
• Négociez un taux d’intérêt réduit sur six mois avec les émetteurs de vos cartes de crédit
• Négociez un prêt personnel avec une institution financière pour consolider vos dettes si votre dossier de crédit est encore bon (bonne chance!)
• Évitez la faillite avec le dépôt volontaire ou la proposition au consommateur