Divorce – Gains et pertes pour les deux

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Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, Section Dans vos poches, 8 avril 2014

On peut lire l’article ici.

Vous venez de recevoir une copie de votre jugement de divorce. Votre parcours du combattant est loin d’être fini.

Outre la facture du divorce lui-même (2600$ au Canada en moyenne, à l’amiable), l’après drainera des revenus souvent en baisse. Bloomberg signalait l’an dernier une chute moyenne de 20% chez les divorcés américains et de 41% chez les divorcées. C’est encore pire chez les aînés, dont le taux de divorce est plus élevé. Au Canada, le revenu moyen des couples qui divorcent entre 67 et 80 ans baisse de 37%, rapportait QMI en 2011. Au Québec, le revenu médian des femmes divorcées de 78 à 80 ans chute de 73% par rapport à leur revenu familial médian de 54 à 56 ans, selon le site Je Comprends de la Banque Nationale.

Ce que vous paierez

Au Québec, les tables gouvernementales de pensions alimentaires indiquent une prestation annuelle de 5000$ pour un premier enfant, pour un revenu brut d’environ 30 000$. Ajoutez 1000$ par tranche de revenu de 10 000$ et environ 2000$ par enfant additionnel. Et le paiement de la pension ne s’arrête pas à la majorité de votre héritier mais à la fin de ses études à plein temps.

Votre conjoint obtiendra peut-être une pension s’il a renoncé à son autonomie financière pour élever vos enfants. Mais si votre situation financière se détériore par la suite, vous pourrez réclamer une diminution, qui devra être confirmée au palais de justice. Par contre, si votre conjoint a travaillé à rabais pour votre entreprise pendant des années, il pourra peut-être exiger une prestation compensatoire si votre enrichissement est supérieur au sien…

À ces frais récurrents s’ajoutent, en solo, le téléphone, l’internet, le câble, l’essence, l’électricité, le chauffage. Puis de gros morceaux, comme l’achat d’une automobile, de nouveaux meubles, ordinateurs et télévisions, la literie, le remboursement de dettes communes, les frais de rachat de fonds communs de placement, la mise à jour des testaments et mandats d’inaptitude… S’il faut vendre la maison, prévoyez les frais d’évaluateur et de déménagement ainsi que la commission du courtier immobilier.

Et comme la dépression frappe 40% des amoureux largués, envisagez psychologue et antidépresseurs. Par contre, si vous revenez sur le marché de la drague, budgetez agences de rencontre, fleurs, cadeaux, restos, préservatifs, cinéma, nouveaux vêtements, lingerie et peut-être même le gym… Beaucoup plus cher que le Netflix des vieux couples en harmonie.

Ce que vous perdrez

Avec résidences et véhicules séparés, vous perdez vos rabais d’assurance. Et votre cote de crédit risque d’être affectée, car votre endettement bondira. Emprunter sera plus compliqué ou plus cher. Ça se complique si votre ex-conjoint a une moins bonne cote que la vôtre mais désire conserver la maison familiale : vous devrez peut-être garantir son hypothèque alors que vous négociez la vôtre. Pourrez-vous financer deux résidences… avec un aussi bon taux que la dernière fois?

Attendez-vous à perdre votre couverture médicaments/soins de santé/dentaires de l’assurance collective de votre conjoint : une police individuelle sera plus chère. Et s’il faut vendre des actifs durant un marché baissier (immobilier, placements) pour financer le partage du patrimoine familial, les pertes feront très mal. Plus mal encore s’il faut puiser dans son REER : le fisc ne fait pas de cadeaux aux divorcés.

Ce que vous gagnerez

Vous obtiendrez la prestation pour personne seule, si vos revenus ne sont pas élevés. Votre crédit de TPS/TVQ pourrait aussi augmenter. Un crédit d’impôt pour chef de famille monoparentale pourrait s’ajouter.

Nos conseils

• Au mariage, chacun des époux conserve son propre compte bancaire, REER, CELI. Essayez de cotiser également.

• Au divorce, vérifiez votre dossier de crédit auprès d’Equifax et de Trans-Union.

• Indiquez le nouveau bénéficiaire : polices d’assurance, pensions, placements.

• Vous transférez le chalet à votre ex? Attention au gain de capital pour résidence secondaire.

• Payable au parent qui a la garde : crédit d’impôt pour personne à charge du Québec, prestation fiscale canadienne pour enfants, déduction fédérale de frais de garde.

• Garde partagée : les deux parents déduisent les frais de garde sans tenir compte du montant réclamé par l’autre.

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