Acheter à l’étranger: prudence?!
Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, Section Dans vos poches, 19 juin 2014
On peut lire l’article ici.
Vous ressortez de la boutique Apple de Tokyo avec un iPad. Vous vous payez un téléviseur géant à Plattsburgh en revenant d’Ogunquit. Deux mois plus tard, c’est la panne : bonne chance!
Vous ne pouviez résister à une différence de prix de 500$ entre le Future Shop du Dix-30 et celui de Plattsburgh pour cet écran plat dont vous rêviez depuis des mois. Et le taux de change entre le yen et le huard a transformé ce iPad en véritable aubaine…
Une enquête d’Option Consommateur, réalisée il y a quelques années en collaboration avec l’émission JE, a révélé qu’une différence de prix de 22% subsiste entre marchands canadiens et américains, malgré les fluctuations du huard vis-à-vis du dollar. Cette différence est aujourd’hui de 14% selon BMO NesbittBurns. De plus, si vous passez plus de 24 heures à l’étranger, vous obtenez du même coup une exonération de taxes pouvant atteindre plusieurs centaines de dollars, selon la durée de votre séjour. Ça peut donc être tentant de magasiner en voyage, dans ce que les spécialistes appellent le « grey market ».
Mais que se passe-t-il quand l’appareil fait défaut? L’aubaine initiale pourrait se transformer en grosse facture, car il y a toutes les chances que la garantie accompagnant le produit soit nulle en sol canadien. Et les coûts de réparation peuvent grimper très rapidement. Surtout s’il faut l’expédier à ses frais à l’atelier de réparation, qui est parfois situé hors du Québec et même à l’étranger.
« Si vous voulez bénéficier de la garantie légale et de celle du manufacturier, il faut acheter l’objet au Québec, précise Lisanne Blanchette, avocate chez Option Consommateur. Pour une transaction dans un autre pays, ce sont les lois de ce pays qui s’appliquent. Concrètement, si une caméra acquise récemment en France ou à San-Francisco fait défaut, vous ferez probablement affaire avec le fabricant et non le commerçant. Il y a de bonnes chances pour que le centre d’appel vous confirme que la garantie américaine ou européenne ne s’applique pas ici. Malgré tout, ça vaut peut-être la peine d’acheter à l’étranger pour payer moins cher. Mais si on veut les garanties, c’est une erreur de le faire. »
Donc, Apple Canada n’a aucune obligation de réparer ou remplacer un iPad défectueux acheté à Chicago. « Ils peuvent vous facturer la réparation ou vous dire d’appeler Apple USA. À moins de descendre à Burlington ou Plattsburgh. Gardez vos factures », ajoute Jean-Jacques Préaux, porte-parole de l’Office de protection du consommateur.
Ce dernier mentionne toutefois que si vous achetez sur Internet au Québec, théoriquement, les lois québécoises vous protègent. Mais si votre achat sur le web est réalisé lors d’un déplacement à Toronto ou New York, les lois locales s’appliquent.
En magasin, informez-vous si la garantie couvre les pièces, le service, l’installation et le transport de l’objet. Ça compte s’il s’agit d’un frigo ou d’un cinéma-maison.
Si l’aubaine à l’étranger est de 20$ pour un objet qui en coûte 200$ ou plus, elle ne fait pas le poids devant une garantie honorée au Québec. Et ne comptez pas sur les garanties offertes par votre carte de crédit, car elles ne s’appliquent pas nécessairement aux achats effectués à l’étranger : vérifiez auprès de l’émetteur avant de partir. Enfin, comme je l’ai souvent écrit dans cette chronique, oubliez les garanties prolongées : c’est pratiquement une arnaque, peu importe où vous magasinez.
Nos conseils :
• La garantie légale ne s’applique qu’aux transactions réalisées au Québec
• La garantie du manufacturier est rattachée aux transactions effectuées au Canada
• Si vous tenez à acheter à l’étranger, demandez si la garantie s’applique au Canada et si c’est écrit quelque part