Acheter un billet d’avion hors du Québec: danger
Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, section Dans vos poches, 21 juin 2017
On peut lire l’article ici.
Vous achetez un billet d’avion aux États-Unis, en Europe ou en Asie. Si ça tourne mal, bonne chance!
Il y a quelques mois, j’écrivais qu’acheter un billet d’avion auprès d’un transporteur à rabais (un concept étranger au Canada), comme Southwest, JetBlue, Ryanair ou Air Asia, permettait de faire des économies sans souffrir de la survente. Eh bien, ce n’est pas si simple. Un lecteur m’a confié son aventure déplorable avec EasyJet, un transporteur à rabais britannique.
Après avoir lu son courriel, méticuleusement préparé, et consulté des experts, une conclusion s’impose: vous n’avez aucune garantie de remboursement et pratiquement aucun recours si vous achetez votre billet hors des frontières du Québec!
Ainsi, notre lecteur s’achète deux billets Paris-Nice… qui sont annulés par courriel à moins de 24 h d’avis. Il obtient toutefois un remboursement. Il achète illico deux autres billets (plus chers) auprès du même transporteur (qui n’a jamais pris la peine de les lui offrir). Il demande ensuite une indemnisation de quelques centaines d’euros représentant la différence entre le coût des billets annulés et ceux du deuxième vol, comme le prévoit la réglementation européenne. EasyJet accepte et poste un chèque qui comporte la mention: «Payable in Great Britain only». S’ensuit une complexe partie de ping-pong entre Londres et le Québec pour obtenir un paiement par traite bancaire. Neuf mois plus tard, notre lecteur attend toujours son argent (un peu moins de 900›$).
Vos recours
Notre lecteur cherche une autorité compétente qui traitera de son dossier. Comme il n’est pas citoyen de l’Union européenne, il ne peut déposer une plainte auprès des régulateurs européens, même si leurs directives imposent aux transporteurs de verser des indemnités en cas de survente, retard ou annulation.
Et comme le billet a été acheté à Paris, notre lecteur ne peut déposer une plainte auprès de l’Office des transports du Canada. S’il avait été acheté au Québec, il aurait bénéficié de la Loi sur la protection du consommateur (LPC), qui oblige l’émetteur d’une carte de crédit à effectuer une rétrofacturation si le transporteur n’a pas respecté son engagement. On parle ici d’un «contrat à distance», car il a été effectué par internet ou téléphone avec paiement par carte de crédit (info: http://bit.ly/2rggEyL). Mieux: s’il avait transigé avec une agence de voyages québécoise, il pourrait faire une demande au Fonds d’indemnisation des clients des agents de voyage (info: http://bit.ly/1QmhQoE).
Il peut toujours demander à l’émetteur de sa carte de crédit d’effectuer une rétrofacturation. Ce n’est pas gagné, car l’émetteur n’y est pas obligé, puisque la transaction a été effectuée à Paris.
Et si notre lecteur obtient un jugement aux petites créances ou même dans une cour européenne, comment pourra-t-il le faire exécuter? «Il pourra toujours l’encadrer», commente Me François Lebeau, de chez Unterberg Labelle Lebeau.
Conseils
- Rétrofacturation: vous avez 60 jours pour faire votre demande à l’émetteur de la carte de crédit, à la date de transaction.
- Vérifiez si l’assurance offerte par l’émetteur de la carte de crédit ou celle de votre employeur couvre les annulations de billets achetés à l’étranger.
- Si possible, payez pour réserver votre siège.