Grandeurs et misères des marges de crédit hypothécaires
Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, section Dans vos poches, 9 août 2017
On peut lire l’article ici.
Elles sont une arme à double tranchant. Soyez prudent !
La marge de crédit hypothécaire est de plus en plus populaire, car elle permet de s’assurer un coussin financier permanent à coût moindre qu’avec le crédit traditionnel. Mais comme c’est du crédit variable, elle stimule facilement le surendettement.
Comment ça marche ? Une institution financière vous accorde une marge de crédit hypothécaire pour laquelle vous mettez votre propriété en garantie. Vous avez accès à un crédit qui peut représenter jusqu’à 65 % de sa valeur marchande. Une fois accordée, vous utilisez la marge sans restriction.
Avantages
La marge est beaucoup plus flexible qu’un prêt traditionnel. Vous la remboursez à votre rythme, par petits montants ou d’un seul coup, sans les habituelles pénalités d’un prêt traditionnel.
Si vous devez passer chez le notaire pour contracter une marge (tout comme un prêt hypothécaire), plus besoin d’y retourner par la suite pour la renouveler… et payer le notaire encore une fois. Pratique pour financer des rénovations.
Comme le taux de la marge hypothécaire est habituellement moins élevé que celui des marges et prêts personnels ou cartes de crédit, il est très avantageux d’y consolider ce type de dette. Certains s’en servent pour payer leur automobile comptant (et, surtout, négocier un rabais important chez le concessionnaire).
Il est plus facile de vendre sa propriété, car vous remboursez la marge avec le produit de la vente… sans pénalité. Certains utilisent aussi leur marge hypothécaire pour financer l’achat d’une deuxième propriété…
Inconvénients
Il n’y a pas de restrictions quant au type de dépense. Et ça demande beaucoup de discipline… que la majorité des gens n’ont pas. Plusieurs s’en servent comme guichet automatique, s’endettent jusqu’au cou pour maintenir un train de vie trop élevé, et conservent un solde jusqu’après leur retraite ! Ce que déplorent de nombreux syndics de faillite ou spécialistes des ACEF.
La marge encourage le surendettement d’une autre façon. Par exemple : si la valeur de votre propriété est de 100 000 $ et que votre mise de fonds est de 20 000 $ (le minimum requis de 20 %), la limite autorisée d’une marge de crédit hypothécaire peut aller jusqu’à 80 000 $. Dans plusieurs cas, de ce 80 000 $ un maximum de 65 000 $ sera accordé sous forme de marge de crédit et le reste en prêt hypothécaire traditionnel. Mais, au fur et à mesure que vous remboursez ce dernier prêt, la part de la marge augmente d’autant… Or, les intérêts sont calculés sur le solde quotidien.
De plus, les taux d’intérêt ont recommencé à monter après des années de sur-place : celui d’une marge hypothécaire est variable. Certains composent mal avec ce stress additionnel.
CONSEILS
- Faites votre budget ; excellente version en ligne ou application : www.acefgp.ca
- Remboursez votre marge dès que possible, surtout avec des virements hebdomadaires (50 $ ?).
- Vous peinez à rembourser chaque mois votre carte de crédit ? Optez pour une hypothèque traditionnelle.
- Profitez du taux à 0 % offert par votre concessionnaire au lieu d’utiliser votre marge.
- Étalez vos rénovations sur plusieurs années pour payer moins d’intérêts.