Publié dans le magazine Virage de la Fadoq, février 2020
J’ai des masses de souvenirs impérissables à vélo sur le Parc linéaire du P’tit train du Nord. Le plus cocasse : une quasi-collision avec… un chevreuil.
Ça se passait à La Macaza. Juste avant le pont sur la rivière Rouge. Il faisait presque noir. J’ai dû freiner en catastrophe et, d’une main, j’ai tassé le chevreuil pour pouvoir passer… Sa douzaine d’amis a délicatement traversé la piste cyclable autour de ma blonde et moi, battant silencieusement des oreilles et de la queue.
Autre bon souvenir : pédaler pendant deux heures au nord de Lac-Saguay sans rencontrer âme qui vive, entre deux rangées d’arbres gigantesques brassés par un vent doux. À Mirabel, je me souviens du soleil oblique de fin de journée éclairant des champs de blé et des petits bois touffus : impression de bout du monde à quelques mètres des bungalows. À Sainte-Adèle : je me suis reposé aux chutes Wexford, admirant les marmites géantes creusées dans le lit de la rivière du Nord. À Val-Morin : sur une roche, j’ai trempé mes pieds dans le courant calme.
232 km de pur bonheur
À chaque kilomètre, on découvre et redécouvre cette merveille de sentier cyclable aménagé sur l’historique chemin de fer tant désiré par le curé Antoine Labelle, véritable personnage historique de la démesure. La succession de paysages et d’écosystèmes est hallucinante : banlieue, montagne, lacs, marais, rivières, rapides, terrains de golf, parcs industriels, plages, vieux villages, forêts, tunnels, ponts, vallées… Ça change constamment.
Le Parc linéaire du P’tit train du Nord s’étend sur 232 km entre Bois-des-Filion et Mont-Laurier. On pédale gratuitement sur ce tronçon no 2 de la Route verte, qui est aussi une portion du Sentier transcanadien, sans jamais manquer d’occasions de se sustenter ou d’améliorer sa culture. Car le P’tit train du Nord traverse toute une série d’environnements patrimoniaux (les villages se développaient autrefois autour des gares) où se multiplient bistros, cafés, microbrasseries, pâtisseries, restaurants et terrasses. L’offre est souvent exceptionnelle : on parle d’une centaine de bonnes tables où vous dégusterez civet de canard, limonade boréale, sandwiches véganes, bières de microbrasserie ou glaces, souvent sur une terrasse donnant directement sur la piste.
On peut camper ou dormir en auberge, parfois même dans l’appartement du chef d’une des 11 gares encore debout ! Et plusieurs festivals s’y tiennent, comme la Grande traite culturelle des gosseux, conteux et patenteux de Nominingue, fin juillet…
L’endroit s’adresse tout autant aux sportifs maniaques qu’aux « pédaleux » du dimanche. Mais la récompense est à l’avenant : vous grugez les kilomètres avec le sourire.
On « monte »
Quand j’étais petit, on disait qu’on « montait dans le Nord ». C’est un peu vrai. Car Mont-Laurier est plus haute en altitude que Bois-des-Filion. Mais, en fait, si vous partez de l’ancien terminus, la gare de Mont-Laurier, vous allez grimper jusqu’à Val-Barrette pour redescendre vers Rivière-Rouge, remonter passé Labelle, redescendre vers Tremblant, remonter à Saint-Faustin, puis redescendre jusqu’à Bois-des-Filion, traversant ainsi les bassins hydrographiques des rivières de la Lièvre, de la Rouge, du Diable, du Nord et des Prairies. Mais jamais vous ne vous taperez une côte à cracher vos poumons : au pire, un dénivelé de 3 % à 4 %. Normal : c’est un ancien chemin de fer. Mais le sillonner du nord au sud s’impose d’emblée.
Bagages, non merci !
On peut choisir de pédaler sur le plus long parc linéaire au pays par sections, ou se taper le tout en quatre ou cinq jours peinards… en faisant transporter ses bagages. Le service, plus populaire que jamais, se fait en minibus : vous montez à la gare de Saint-Jérôme (et, parfois, de Montréal) et l’on vous dépose à Mont-Laurier avec votre vélo. Vos bagages, eux, aboutissent à l’auberge du soir. Et ainsi de suite jusqu’à l’arrivée. On peut aussi commencer son périple à partir de Montréal, en train de banlieue, aux gares de Blainville ou de Saint-Jérôme (Exo a des espaces vélo), ou sur les bus de l’Inter, de Saint-Jérôme à Tremblant.
La piste attire annuellement plus d’un million d’usagers, dont le quart sont des touristes, principalement entre juin et septembre. À noter : 62 % des visiteurs ont 55 ans et plus.
Pour connaître points d’eau, sanitaires, stations mécaniques et kilométrage, on consulte la carte sur le site Web du P’tit train du Nord. Des bornes kilométriques indiquent la localisation et les prochaines traverses.
Pour ma part, j’aime toujours prendre mon expresso bien tassé à la gare de Mont-Rolland, où l’on voit des familles entières passer sur leurs vélos achetés chez Canadian Tire, de gros rouleurs en lycra sur leur monture à 4 000 $ dépasser des triporteurs, ou des couples sans âge rouler sur leurs vélos pliables ou électriques dernier cri. Le bonheur.
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Ressources
- ptittraindunord.com, 450 745-0185
- Carte (accès, stationnements, tronçons, kilométrage, sanitaires, stations mécaniques, abris, tables de pique-nique, points d’eau) : bit.ly/2Lhuz2N
- Préparation : ptittraindunord.com/preparez-votre-voyage
- Transport de bagages : autobuslepetittraindunord.com, 1 888 893-8356
- RSVP hébergement : laurentides.com/fr, 1 800 561-6673