Le racket des frais bancaires

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Publié dans le Journal de Montréal / Journal de Québec, pages Argent, 16 juin 2012

On peut lire la chronique sur Canoe Argent.

En général, ça arrive le 2 ou le 3 de chaque mois. La frustration se change en colère. Comment se fait-il qu’on enlève 10$, 15$ voir 25$ de mon compte bancaire pour des opérations qui se font toutes seules ou par Internet?

Je subventionne ainsi une banque qui me verse 0,5% d’intérêt, mais qui réalise de juteux profits en plaçant ou en prêtant mon fric à d’autres.

Si encore les dividendes de cette même banque compensaient pour les frais que je lui paie… Même pas.

Ma voisine est tombée des nues quand elle a réalisé qu’elle payait entre 30$ et 40$ par mois; c’est plus de 400$ annuellement!

Elle crachait 75 cents pour chaque retrait automatique (notez le mot : automatique). Depuis qu’elle a appris à se servir d’Internet, ma belle-tante de 92 ans évite les retraits effectués à la banque, à 2$ pièce.

Le party des frais ne cesse jamais de se raffiner depuis leur apparition, dans les années 1980. Une nouvelle variante de la Poule aux œufs d’or vient d’être révélée par le site web d’Argent, le mois dernier : vous imprimez votre livret au guichet automatique de la TD et on vous facture 2,25$. Je parierais ma chemise que ça ne leur coûte que quelques cents.

Les frais ont rapporté à nos banques le pactole de 6G$ l’an dernier, environ 185$ en moyenne par Canadien. Au deuxième trimestre de cette année, les banques canadiennes ont récolté 7,1G$ de profits, malgré un contexte économique difficile.

Pour éviter une révolte populaire (ou se défendre contre des compétiteurs comme ING Direct), les banques ont introduit des forfaits mensuels. Pour 2,95$, vous avez droit à sept transactions par mois, dépôt exclus, chez Desjardins. C’est le moins cher. Pour 3,50$, c’est six transactions à la Laurentienne. À la Nationale, pour 15 cents de plus, vous avez droit à 12 transaction (avec 6,25$, vous faites 20 transactions électroniques). Quatre dollars vous permet 10 transactions chez BMO.

En fait, le meilleur moyen de contrer l’hémorragie, c’est de compter vos transactions de la dernière année.

Si c’est plus de 15 par mois, vous aurez intérêt à opter pour les forfaits « intermédiaires », qui varient de 5,50$ à 12$, selon l’institution financière.

Vous pouvez aussi vous offrir la Cadillac des services bancaires avec des forfaits « illimités ». Entre 10,95$ et 30$ par mois, vous avez la totale : chèques personnalisés, traites, mandats, protection contre les découverts, remise de chèques encaissés, etc.

Les frais et forfaits bancaires s’apparentent toutefois à une jungle. Vous pouvez toujours cibler votre forfait avec l’outil affiché sur le site internet de l’Agence de la consommation financière du Canada (www.fcac-acfc.gc.ca; menus « Ressources » puis « Outils et calculatrices »).

Une autre façon de limiter ses frais est de confier une partie de votre trésor de guerre à la banque : en tout temps, le solde de votre compte doit excéder 1000$, 3000$ ou 5000$, selon l’institution. Zéro frais, mais rendement minime car sans risque. Ici, le jeu de comparaison s’impose. Dans notre société où la consommation est une religion, difficile de maintenir, disons, 3000$ en tout temps dans notre compte.

Cela dit, chez Desjardins, vous économiseriez 35,40$ (2,95$ sur 12 mois) avec le forfait l’Économique (solde minimal de 1000$). Pour un rendement équivalent, votre investissement devra rapporter 3,54% après impôt (35,40 $ ÷ 1000 $ = 3,54%). Un produit comme l’Épargne à terme rapporte environ 0,90% sur un an, donc 9 $ avant impôt pour un montant de 1000$. Comme vous pouvez le constater, la banque gagne toujours au change…

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