Monter sur les planches…pour démontrer l’urgent besoin de logements sociaux

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Publié sur le site web du Journal des Voisins, 19 mai 2021

On peut lire l’article ici.

Vendredi 14 mai, le CLAC et le FRAPRU tenaient une pièce de théâtre pour sensibiliser les élus et la population à l’urgence de construire davantage de logements sociaux, abordables et adaptés dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville.

L’événement avait lieu sur les pelouses de l’OSBL d’habitation Rêvanous, rue Laverdure, près de Sauvé. Une cinquantaine de personnes ont scandé des slogans pour le droit au logement. La mini-pièce de théâtre illustrait le parcours difficile d’une personne qui doit se taper « un dédale  de difficultés tout en transportant son bagage vécu ». La performance était offerte par la troupe de théâtre Temps public.

« On voulait livrer du théâtre au lieu d’organiser une autre manifestation, explique Karina Montambeault, porte-parole du Comité logement Ahuntsic-Cartierville (CLAC). On voulait s’emparer de l’espace public pour dénoncer le manque de logements sociaux, abordables et accessibles pour les personnes handicapées dans l’arrondissement. »

De fait, la CAQ avait fait de la construction de logements sociaux une promesse électorale :

« On en a profité pour rappeler l’engagement de François Legault en ce sens, souligne Marie-Josée Corriveau, porte-parole du FRAPRU. On est déçus parce que 15 000 logements sont bloqués dans la machine administrative, même si Québec et Ottawa se sont récemment entendus sur leur financement. On doute que ces logements soient construits d’ici la prochaine élection, dans un an et demi. Depuis l’élection du gouvernement Legault, on a livré 3500 unités. On est loin des 15 000 logements promis. »

Surtout, le FRAPRU en demande 50 000 sur cinq ans, juste pour parer aux urgences. Car l’organisme indique qu’environ 200 000* ménages québécois consacrent jusqu’à… 50% de leurs revenus pour se loger!

« Avec l’effervescence du marché immobilier, la situation empire de jour en jour, reprend Mme Corriveau. À la vitesse actuelle, ça va prendre 150 ans pour répondre aux urgences. C’est inacceptable. »

Urgence dans l’arrondissement

Dans Ahuntsic-Cartierville, 35 855 ménages sont locataires, avec un revenu médian de 38 690$, selon le recensement de 2016, indique Mme Montambeault. Or, dans un environnement où le prix des loyers grimpe sans cesse, un ménage sur trois dans l’arrondissement consacrerait plus de 30% de ses revenus au logement.

« En octobre 2020, le taux d’inoccupation dans Ahuntsic-Cartierville se situait à 1,2% selon la SCHL, rappelle-t-elle. Pour les studios, il est à 1,6%. Pour les 3 ½ d’une chambre à coucher, on parle de 1,3%. Et on n’a pas de données pour les 5 ½ et les 6 ½, car ce taux est trop bas. Or, un marché équilibré entre propriétaires et locataires se situe à 3%. »

Toujours selon la SCHL, le loyer moyen d’un studio a bondi de 5,6% dans l’arrondissement, entre octobre 2019 et octobre 2020, poursuit Mme Montambeault. Pour un 3 ½, c’est 5,7%. Pour un 5 ½ à de deux chambres, c’est 4,9%.

« En tenant compte des annonces sur kijiji, le loyer moyen, dans l’arrondissement, est de 687$ pour un studio, 833$ pour un 3 ½, 1023$ pour un 4 ½ de deux chambres et 1527$ pour un 5 ½ », révèle Mme Montambeault.

Trop cher

Dans Ahuntsic, 2450 ménages locataires consacrent plus de 50% de leur revenu médian annuel de 10 550$ pour se loger, avance Marie-Josée Corriveau. Dans Bordeaux-Cartierville, 3010 ménages canalisent plus de 50% de leur revenu médian annuel de 11 346$ au logement.

Au Québec, près de 200 000 ménages (à ne pas confondre avec des individus) sont dans cette situation », ajoute-t-elle.

De plus, à l’échelle québécoise, quelque 70 000 personnes handicapées auraient des besoins d’adaptation non comblés, indique le FRAPRU.

« Ce sont des gens qui sont contraints de vivre dans un logement qui peut mettre en péril leur santé et leur sécurité, en plus d’affecter grandement leur autonomie », ajoute Mme Corriveau.

Cette dernière reproche aux propriétaires-investisseurs de produire des logements inadaptés et inabordables, d’agir à la limite de la Loi, en bafouant les droits des locataires, en provoquant des hausses de loyer exorbitantes, en évinçant les locataires de logements encore abordables pour les transformer en habitations beaucoup plus dispendieuses, les chassant du même coup loin de leurs milieux de vie.

Karina Montambeault renchérit :

« On ne compte plus le nombre de gens qui sont victimes de discriminations parce qu’ils ont des enfants, parce qu’ils sont racisés ou pauvres, sans égard à leur historique de paiement de loyer. »

Le regroupement déplore également qu’il n’ait été lancé qu’une maigre programmation de 500 nouvelles unités, pour tout le Québec, d’ici 2026.

« C’est une goutte d’eau dans un océan de besoins », dénonce l’organisme.

*(Source :  Statistique Canda; Recensement de 2016).

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