Écrire pour voir plus loin
Publié dans le magazine Le Mentor de décembre 2012, du Réseau M de la Fondation de l’entrepreneurship
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Comment les mentors font-ils pour gagner la confiance de leurs mentorés ? Comment les amener à se confier ? Puis à trouver les réponses pour passer à l’action ? De vieux routiers du mentorat partagent leurs recettes.
Le papier et le crayon prennent beaucoup de place dans une dyade, affirment plusieurs mentors. En rédigeant quelques phrases-clés sur ce qui ne marche pas, les réponses s’imposent souvent d’elles-mêmes au mentoré. Le fait d’écrire apaise. Il met en contexte les problèmes.
Cette technique est utilisée par Louise Beaudoin, mentore de la cellule Sherbrooke Innopole et propriétaire de Peintures de Armond. « Les entrepreneurs vivent leur passion au jour le jour. Certains ont des objectifs à long terme, mais pas tous. Je leur demande systématiquement de se projeter cinq ans en avant : plusieurs n’ont pas de réponse ! Le fait de coucher ça sur papier simplifie grandement leur cheminement comme entrepreneur », dit-elle.
Chose certaine, Louise Beaudoin n’imposera jamais son opinion à ses mentorés. « Je ne leur dirai jamais quoi faire, car je n’ai pas leur talent ou leurs connaissances. Mon rôle, c’est de poser des questions. Le mentoré fait alors du ménage dans sa tête. Il règle ses problèmes et passe à autre chose. C’est comme ça qu’on avance. »
Certains mentorés ont plus de difficulté à se livrer que d’autres. Mme Beaudoin ne s’en formalise pas et lance la discussion à partir des sujets qui les préoccupent. Ça finit toujours par débloquer.
« Un jeune entrepreneur, tôt ou tard, frappera son mur. Tous les entrepreneurs passent par là, dit-elle. On doit le prendre positivement, chercher ces ressources insoupçonnées en soi-même, et surmonter l’obstacle. Ici aussi, je leur demande d’écrire tout ce qui passe dans leur tête. Le lendemain, ils font le ménage de leurs pensées et retiennent l’important. » Elle connaît un grand succès avec cette technique.
Être toujours optimiste
Autre approche : quand ses mentorés sont angoissés, elle leur suggère de se plonger dans l’action. « Ça ouvre des portes, ça permet de dormir, ça donne des résultats, dit-elle. L’angoisse draine beaucoup d’énergie. Le secret de la réussite, c’est d’être positif. D’y croire, peu importe les circonstances. »
Souvent, les proches des entrepreneurs sont les premiers à les décourager. Louise Beaudoin y voit un avantage : ses mentorés luttent alors plus fort pour réaliser leurs rêves.
« C’est comme pour les sportifs : je les amène à voir le chemin parcouru depuis six mois, un an. Et je leur demande s’ils veulent quand même abandonner. Ils réalisent qu’ils sont souvent très près d’atteindre leurs buts. »
Franc et direct
Elle ne se gêne pas non plus pour être directe. Elle a souvent vu des larmes couler. « Sinon, je ne leur rends pas service. Je me dois d’être honnête. C’est au mentoré d’encaisser, surtout si on touche à certains aspects très personnels », dit-elle.
Quand une personne se lance en affaires, c’est souvent le conjoint qui paie l’épicerie les premières années. Les heures sont longues. Le lien doit alors être très fort. L’entrepreneur doit bénéficier du soutien de son conjoint. C’est souvent abordé dans les dyades. « Le conjoint n’est pas obligé de comprendre sa compagnie, mais il doit l’appuyer, peu importe les embûches », ajoute-t-elle.
Parfois, les entrepreneurs sont entourés d’amis qui drainent leur énergie. « C’est dommage, mais ils doivent les larguer, car ces gens-là les tirent par le bas. Ils comprennent rapidement par eux-mêmes qu’en affaires, il faut s’entourer de gagnants. »