Une offre de bornes électriques inégale dans Ahuntsic-Cartierville
Publié sur le site web du Journal des Voisins, 28 octobre 2022
À l’heure où l’électrification des transports est considérée comme une priorité dans la lutte aux GES, l’offre de bornes de recharge pour véhicules électriques est inégale dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville.
Un an après avoir traité du sujet en août 2021, le Journaldesvoisins.com(JDV) fait de nouveau le bilan de l’offre de bornes publiques de recharge sur le territoire de l’arrondissement. Nous avons analysé plusieurs cartes localisant les recharges à partir des sites de Réseau Flo, ChargeHub, PlugShare et Tesla.
Si le réseau de bornes de niveau 2 est très bien développé (l’arrondissement n’a rien à envier à Toronto, Boston ou New York), l’offre demeure inégale selon les quartiers.
Voici quelques constats :
- outre la rue Fleury Est, les rues commerciales abritent très peu de bornes;
- elles sont absentes chez la plupart des institutions publiques majeures;
- un seul centre commercial, le Marché central, offre plusieurs bornes;
- il n’y a qu’une seule borne de recharge rapide (niveau 3) sur le territoire : devant le IGA Crémazie, à l’extrême sud-est de l’arrondissement. En comparaison, Saint-Jérôme ou Saint-Sauveur en comptent quatre chacune;
- l’offre est de loin supérieure dans Ahuntsic comparé au reste de l’arrondissement;
- certains quartiers sont complètement dépourvus de bornes, notamment dans Bordeaux, Cartierville et Saraguay.
Ainsi, on ne trouve aucune borne dans le Nouveau-Bordeaux au nord de Dudemaine (sauf au parc de la Merci). Rien non plus l’ouest du boul. Laurentien, dans Cartierville et Saraguay, sauf au parc Noël-Nord. Le centre commercial Les Galeries Normandie est dépourvu de borne, tout comme les hôpitaux Fleury, Sacré-Cœur, le pavillon Albert-Prévost, le CHSLD Notre-Dame-de-la-Merci, la Maison des naissances (pavillon Louvain), les collèges Regina-Assumpta, Mont-Saint-Louis, la prison de Bordeaux, les futures stations du REM, toutes les écoles du CSDM, des parcs majeurs comme des Hirondelles, du Bois-de-Saraguay, Beauséjour, des employeurs importants comme la Commission de la construction du Québec, ni même les stations de métro Sauvé et Henri-Bourassa ou la gare de train de banlieue Bois-de-Boulogne.
Les bornes sont également absentes du quartier Saint-Simon, au sud de Chabanel, de la rue Sauvé à l’ouest de Saint-Laurent, dans le District Central à l’ouest de l’Acadie et dans Cartierville au sud de Salaberry.
Que des hôpitaux soient dépourvus de bornes laisse songeur, considérant que les maladies pulmonaires pèsent lourd dans le bilan santé de la population montréalaise.
Les bons élèves
Certains secteurs sont bien desservis. Par exemple, le Marché central compte une douzaine de bornes, la rue Chabanel une dizaine, le siège social de la FTQ sept, les collèges Ahuntsic, Bois-de-Boulogne et André Grasset comptent plusieurs bornes, et le stationnement du complexe sportif Claude-Robillard, quatre (sur l’avenue Christophe-Colomb).
Plusieurs parcs comptent des bornes : Marcelin-Wilson (aréna), Raimbault, Lachapelle, Noël-Nord, Nicolas-Viel, Jeanne-Sauvé, Ahuntsic (aréna), Prieur, parc-nature de l’Île-de-la-Visitation. Le Centre communautaire de Cartierville abrite aussi quatre bornes. Le complexe de tours d’habitations Voltige en compte autant.
Le quartier qui compte le plus de bornes est Ahuntsic (41), suivi de Youville (25), du District Central/Saint-Simon (22), du Nouveau-Bordeaux (19), de Saint-Sulpice (15, incluant les quatre du stade de soccer de Montréal (techniquement situé dans Villeray–Saint-Michel–Parc Extension), de Cartierville (10), du Sault-au-Récollet (7) et de Saraguay (2).
Tesla
Les propriétaires de Tesla ne sont pas gâtés. Si le superchargeur le plus près est situé à la Place Vertu, dans Saint-Laurent, l’arrondissement ne compte aucun commerce offrant des bornes de recharge de destination.
Comparativement, on en retrouve plusieurs dizaines au centre-ville de Montréal et de nombreuses dans les Laurentides (Saint-Jérôme, Saint-Sauveur, Sainte-Adèle, Morin-Heights) ou à Sherbrooke. Par contre, il est possible de recharger une Tesla à n’importe quelle borne publique, pourvu qu’on dispose du bon adaptateur.
Utilisé?
Comment savoir si le réseau est populaire?
Comme il est possible de savoir si une borne est utilisée en consultant une application comme PlugShare, nous avons constaté que très peu, soit moins de 5 %, l’étaient au moment de notre recherche, de jour comme de soir.
Par contre, la vaste majorité des propriétaires rechargent leurs véhicules électriques à leur borne personnelle chaque soir. Mais il est important d’offrir une solution de recharge dans les principaux pôles d’emploi, de consommation, de services publics et de loisirs.
Édifices publics
Aucun édifice public de l’arrondissement, sauf deux arénas et le Centre communautaire de Cartierville, n’offre des bornes de recharge. Toutefois, le Plan de transition écologique 2019-2021 de l’arrondissement prévoit que 100 % des bâtiments publics seront dotés de bornes d’ici 2025.
Signalons qu’il y a deux bornes de niveau 2 devant l’immeuble abritant la mairie d’arrondissement, au 555, rue Chabanel Ouest.
Pas une panacée
L’utilisation de la voiture électrique fait débat chez les experts. Certains la considèrent comme une option attrayante pour diminuer les émissions de GES. D’autres estiment que la voiture électrique ne fait que remplacer la voiture thermique, (au moteur à essence) et que sa fabrication implique une pression sur les ressources naturelles aussi grande, voire supérieure à la voiture thermique.
De nombreuses études estiment cependant que du point de vue de la durée de vie, la voiture électrique pollue beaucoup moins que la voiture thermique, surtout dans les territoires, comme le Québec, où l’électricité est produite à partir de sources renouvelables. La performance écoénergétique de la voiture électrique est encore plus grande si elle est fabriquée (notamment ses batteries) là où l’énergie ne provient pas de sources fossiles, comme les Tesla vendues ailleurs qu’en Chine.
De nombreux urbanistes considèrent toutefois que la voiture électrique ne règle pas les problèmes de congestion sur les routes et va même jusqu’à encourager le phénomène d’étalement urbain, qui contribue lourdement à la pollution atmosphérique. Ils privilégient l’utilisation massive des transports en commun ou actifs, ou, à tout le moins, d’un cocktail de transports (comme l’utilisation de la voiture électrique jusqu’à une gare de train de banlieue ou de métro, par exemple).
L’offre de transports en commun est également très inégale dans Ahuntsic-Cartierville.