L’assurance pour usure excessive d’une auto louée, pas toujours avantageuse
Publié dans le Journal de Montréal/Journal de Québec, section Dans vos poches, 25 novembre 2022
Un produit est de plus en plus populaire : l’assurance renonciation pour usure excessive destinée aux voitures de location.
Est-ce que ça en vaut la peine ?
Réponse : ça n’est pas vraiment la question qui importe le plus.
Mal comprise
En effet, le problème est ailleurs : la plupart des consommateurs ne savent pas, dans les faits, ce à quoi ils souscrivent, notamment l’étendue réelle des protections. Beaucoup de ces programmes sont vendus par les concessionnaires avec des dépliants, mais les limitations sont décrites dans les petits caractères inscrits au contrat. Des consommateurs signent un peu les yeux fermés.
Pour certains programmes, le concessionnaire empocherait un montant représentant près de la moitié de la prime. L’incitatif à la vente est donc très élevé.
« Je ne dis pas que ces programmes sont mauvais : certains consommateurs les apprécient parce qu’ils ont la tranquillité d’esprit, explique George Iny, directeur de l’Association pour la protection des automobilistes (APA). Mais les consommateurs qui se plaignent disent qu’ils sont généralement très mal expliqués par les concessionnaires. »
Deux types sont offerts sur le marché : ceux issus directement des manufacturiers et celui offert par les concessionnaires. Ceux des manufacturiers seraient plus avantageux, selon M. Iny, parce qu’ils sont moins dispendieux et ce serait plus facile d’effectuer des réclamations.
Car plusieurs consommateurs se plaignent qu’au moment de faire leur réclamation, notamment à la remise du véhicule en fin de contrat, surprise (!), certains dommages ne sont pas couverts, surtout pour les égratignures de carrosserie ou l’usure des pneus.
Certains programmes couvrent aussi des dommages qui coûtent moins cher que les franchises de l’assurance automobile courante, notamment les dommages aux jantes.
Chère
Une telle protection fait hésiter Charles Tanguay, porte-parole de l’Office de la protection du consommateur (OPC).
« Il faut être bien au fait de ce qu’est l’usure normale d’un véhicule, dit-il. Souvent, le concessionnaire facture des frais qu’il n’aurait pas dû (facturer). »
M. Tanguay suggère de faire inspecter le véhicule par un garagiste indépendant avant de le retourner au concessionnaire à la fin du contrat de location.
« Les Québécois ont tendance à être surassurés, reprend-il. Est-ce que ça vaut le coup de payer 1000 $ pour une protection qui, en principe, pourrait être couverte par l’assurance automobile offerte par un assureur ? »
Conseils
- Ce type de couverture est payé en sus de la location du véhicule. On parle d’une mensualité variant entre 30 dollars et 40 dollars. Sur 48 mois, on approche les 2000 dollars. C’est très dispendieux pour un produit très mal compris des consommateurs.
- Certains concessionnaires ne remboursent tout simplement aucune réclamation si les demandes de remboursement ne sont pas prévues au contrat de location du véhicule.
- À une époque où le prix des voitures usagées est plus élevé que la valeur résiduelle d’une voiture de location, il est avantageux de racheter le véhicule à la fin de la location. Ce type de protection n’est donc pas indiqué, car, pour certains programmes, vous perdez la protection si vous rachetez le véhicule. Vous aurez payé pour rien. Mais dans quatre ans, le marché québécois de la voiture usagée aura peut-être changé…