Alain Au­but a connu la so­li­tude de l’en­tre­pre­neu­riat

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Pu­blié sur le blogue du Ré­seau Men­to­rat, 9 no­vembre 2022

On peut lire l’ar­ticle ici.

Alain Au­but a di­rigé le Ré­seau Men­to­rat de 2009 à 2011 (alors «?Ré­seau M?»), et la Fon­da­tion de l’en­tre­pre­neur­ship de 2011 à 2015. Mais avant de s’im­pli­quer dans le men­to­rat, il fut en­tre­pre­neur. Et sa car­rière n’a pas été de tout re­pos.

«?J’ai été en af­faires pen­dant une ving­taine d’an­nées, se confie-t-il. J’étais très seul. J’ai pris beau­coup de mau­vaises dé­ci­sions. J’ai vécu des dé­ci­sions dif­fi­ciles, mal­gré mes nom­breux suc­cès. Quand j’ai vendu ma der­nière en­tre­prise, en 2000, un dis­tri­bu­teur de lo­gi­ciels, j’ai de­meuré en contact avec des en­tre­pre­neurs, en mode re­la­tion­nel. On par­ta­geait cer­taines ex­pé­riences.?»

En 2003, Alain Au­but se lance dans la consul­ta­tion et le coa­ching au­près d’en­tre­pre­neurs. Il sillonne le Qué­bec, la France et la Tu­ni­sie. Deux ans plus tard, il dé­couvre la Fon­da­tion de l’en­tre­pre­neur­ship. «?Ce fut un élec­tro­choc, dit-il. J’ai com­pris que l’en­tre­pre­neu­riat me cou­lait dans les veines. J’ai été com­plè­te­ment bou­le­versé par l’ap­proche men­to­rale?: une ren­contre entre un en­tre­pre­neur et une per­sonne qui a de l’ex­pé­rience et qui n’est pas là pour dis­til­ler ses conseils ou faire des rap­ports. Je me di­sais que si j’avais eu un men­tor, j’au­rais sû­re­ment évité un pa­quet d’er­reurs et d’écueils qui m’ont for­te­ment af­fecté comme en­tre­pre­neur.?»

Au sein du Ré­seau Men­to­rat, Alain Au­but fait la ren­contre de nom­breux men­tors?: «?Ce sont des gens tout sim­ple­ment ex­tra­or­di­naires. Ils m’ont amené à dé­dier ma vie à cette cause.?»

Il s’im­plique alors dans le dé­ve­lop­pe­ment du ré­seau, aux cô­tés de gens qu’il ad­mire, comme Alain Le­maire, Charles Si­rois ou Pierre Karl Pé­la­deau. «?Ils croient en cette cause et com­prennent que le men­to­rat peut chan­ger le Qué­bec?», dit-il.

Alain Au­but re­vient sur la réa­lité du sta­tut d’en­tre­pre­neur?: «?Je ne vous ap­pren­drai rien en vous di­sant qu’on se sent sou­vent très seul quand on di­rige une en­tre­prise, dit-il. Elle re­pose sur nos épaules. On a constam­ment des ques­tion­ne­ments exis­ten­tiels. Puis, ar­rive un men­tor qui n’a au­cun en­jeu face à l’en­tre­prise, son en­vi­ron­ne­ment ou même sa vie per­son­nelle. Il n’offre qu’une écoute at­ten­tive. Il fait ré­flé­chir.?»

Alain Au­but confie que, comme men­tor, il a vu nombre de si­tua­tions dif­fi­ciles, comme des en­tre­pre­neurs aux prises avec des conflits de tra­vail, ou dont le couple s’en va à la dé­rive. «?Ces si­tua­tions af­fectent l’en­tre­pre­neur et son en­tre­prise, sou­tient-il. Ça peut al­ler très loin. Pour le men­toré, le men­tor re­pré­sente une res­source bien­veillante, qui a comme seul ob­jec­tif qu’il soit bien dans sa peau d’en­tre­pre­neur.?»

Le men­to­rat pour en­tre­pre­neurs?: ça marche

Les en­tre­prises dont les di­ri­geants sont men­to­rés passent da­van­tage le cap des pre­mières an­nées d’exis­tence com­pa­ra­ti­ve­ment à celles dont les di­ri­geants n’ont pas eu de men­tor. Alain Au­but in­siste sur cette réa­lité, mais il va plus loin.

«?J’étais en­tre­pre­neur dans les an­nées 1980 et 1990, re­prend-il. L’en­tre­pre­neur d’au­jour­d’hui ne vit pas la même chose qu’à mon époque. La vie, la santé, les loi­sirs, la fa­mille, le couple, le monde des af­faires sont beau­coup plus com­pli­qués et stres­sants. Mais ce qui ne change pas, c’est le fait qu’un en­tre­pre­neur a en per­ma­nence son en­tre­prise dans sa tête. Même si les jeunes ont des vies plus équi­li­brées que leurs aî­nés, l’en­tre­prise est tou­jours dans leurs pen­sées.?»

Alain Au­but est conscient qu’un men­tor, ce n’est pas un psy. Mais il in­siste sur la no­tion de bien-être. «?C’est clair que les gens qui gèrent adé­qua­te­ment leur en­tre­prise sont gé­né­ra­le­ment très bien dans leur peau, ajoute-t-il. Il y a qua­rante ans, les en­tre­pre­neurs étaient es­sen­tiel­le­ment en mode ac­tion. Ils n’avaient pas cette dis­tance qu’on peut consta­ter de nos jours entre la vie per­son­nelle et celle de l’en­tre­pre­neur. Les jeunes sont mieux équi­li­brés que nous l’étions. Mais ils vivent les mêmes ques­tion­ne­ments.?»

D’ailleurs, la pre­mière ques­tion qu’Alain Au­but pose à sa pre­mière ren­contre avec un men­toré, c’est?: «?Com­ment ça va??»

Il se dit heu­reux de son ex­pé­rience à la tête du Ré­seau Men­to­rat. «?Je me ré­jouis que le ré­seau gran­disse sans cesse. Les ré­sul­tats parlent par eux-mêmes. On ne s’im­plique pas pour briller. On le fait pour la cause. Les ré­sul­tats de nos ac­tions, c’est notre paie. Quand on s’im­plique avec nos va­leurs, quand on donne le meilleur de soi-même, et qu’on voit l’in­fluence po­si­tive que le ré­seau ap­porte à la so­ciété, on en re­tire beau­coup de sa­tis­fac­tion.?»

NDLR : Alain Au­but fait par­tie des no­mi­nés pour le Prix Aline et Mar­cel La­france 2022 du Ré­seau Men­to­rat.

 

Pro­pos re­cueillis par Sté­phane Des­jar­dins

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