Projets inspirants : réinvestir l’espace
Publié dans le magazine Esquisses, décembre 2022
Une fois réalisés, certains projets de requalification québécois ont suscité une forte adhésion de la part du public. En voici trois.
La tour du Stade olympique (Tour de Montréal)
L’intérieur de la tour du Stade olympique de Montréal est resté inoccupé durant deux décennies. Promis à des plateaux sportifs, ces espaces sis dans un volume triangulaire inhabituel se sont vu conférer une nouvelle vocation en 2018?: accueillir les équipes du service à la clientèle d’AccèsD, les services en ligne du Mouvement Desjardins. L’intérieur de l’ouvrage imaginé par Roger Taillibert a été complètement transformé par la firme Provencher_Roy. «?Il fallait inonder les lieux de lumière naturelle pour offrir un environnement attrayant pour les travailleurs?», se souvient Mélissa Bélanger, architecte associée, qui a participé au projet. Remplacement des bandeaux extérieurs en métal par des murs rideaux, parois vitrées à haut rendement énergétique, mise en valeur des courbes bétonnées de la tour, installation de systèmes de chauffage-climatisation adaptés à ces espaces surdimensionnés, aménagement d’aires ouvertes?: ce chantier hors normes comportait des travaux de grande envergure. «?Nous avons respecté le langage architectural d’origine, mais transformé les lieux pour un usage nouveau?», conclut Mélissa Bélanger.
Fromagerie du Presbytère
Transformer une église en salle d’affinage pour une fromagerie représente un projet somme toute… singulier?! La Ferme Louis d’or avait initialement converti le presbytère en fromagerie, puis agrandi celle-ci plusieurs fois de 2007 à 2014. En 2015, l’entreprise mandate BGA architectes pour transformer l’église du village en salle d’affinage tout en préservant une part du lieu de culte. Il a fallu corriger une différence de plus d’un mètre entre le plancher de la nef et celui du reste de l’église, notamment afin de permettre à un robot de se retourner et de laver les meules de fromage. Les architectes ont mis en valeur les impressionnantes solives et aménagé une salle de dégustation en hauteur, directement sous le toit. «?En lieu et place de l’autel, nous avons conçu un lieu de culte de 50?places, surplombé de colombages massifs, et construit des toilettes non genrées au sous-sol, explique André Bourassa, architecte fondateur de BGA. Pour la conception de la salle d’affinage, il a fallu respecter les normes antisismiques, car les meules, disposées en hauteur, pèsent très lourd. Nous avons dû composer avec des rénovations effectuées dans les années?1960 avec des matériaux comme du préfini. Nous n’étions donc pas dans le registre des vieilles feuilles d’or…?» Les fins de semaine d’été et d’automne, jusqu’à 6000?personnes pique-niquent sur place et visitent la fromagerie. Un peu comme autrefois, la nouvelle vocation des lieux permet de recréer le caractère rassembleur du parvis de l’église.
Musée Boréalis
La transformation en musée de l’ancienne usine de filtration d’eau d’une papetière de la Canadian International Paper Company, aujourd’hui disparue, s’est traduite par une appropriation spontanée de la population de Trois-Rivières. Le bâtiment patrimonial, dangereux et abandonné depuis des décennies, représentait un excellent témoin de l’industrialisation du début du siècle dernier. Mais aménager un musée dans un édifice rempli de machinerie et de pompes, et construire une passerelle vers une prise d’eau en plein Saint-Maurice relevait de l’exploit. La firme d’architectes Régis Côté et associés avait comme mandat la mise en valeur de ce site exceptionnel qui est situé sur la rive du Saint-Maurice et dont le chantier s’est étiré de 2009 à 2011. «?Il a fallu ravaler les fondations et les façades de brique, les voûtes en sous-sol, installer un système de chauffage et de climatisation de qualité muséale, des sanitaires, des accès pour personnes à mobilité réduite, un service de restauration et des contrôles d’ambiance dans un immeuble abandonné, plus que centenaire. Nous avons aménagé une terrasse en porte-à-faux sur la rivière, accessible par le musée, en tenant compte des contraintes de sécurité. C’était un projet d’une grande complexité?», raconte Louis R. Carrier, architecte, chargé de projets de la fir