Industrie 4.0 – Une nouvelle ère

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Publié dans le magazine Première en affaires, janvier 2023

On peut lire l’article ici.

«Industrie 4.0», est-ce un nouveau mot a? la mode apre?s la «qualite? totale» ou le «juste a? temps»? Pas du tout, re?torquent les experts. L’industrie 4.0, c’est du concret. Et on vous l’explique.

Si vous êtes dans les affaires, vous avez certainement entendu parler du virage numérique et des initiatives récentes du gouvernement québécois pour encourager les entreprises à le prendre. L’industrie 4.0 est au cœur de cette stratégie.

Pourquoi ? Parce que le Québec serait en retard sur le reste du monde industrialisé à ce chapitre, selon certains experts. D’autres les contredisent: nous n’avons rien à envier à qui que ce soit. Mais il ne faut surtout pas prendre du retard sur nos compétiteurs, qu’ils soient de Toronto ou de Singapour.

«Je voyage partout dans le monde et nos PME sont très dynamiques, mais les prochaines années seront cruciales pour garder le cap, commente George Sabbagh, conseiller d’affaires principal chez Inno-centre. Le concept d’industrie 4.0, ou d’usine intelligente, suit la vague d’automatisation et de robotisation récente, qualifiée de… 3.0. En fait, le 4.0, c’est la connectivité de toutes les équipes, les processus et les équipements au sein d’une entreprise ou d’une usine. Ça englobe tant la machinerie que la main-d’œuvre. Et c’est une étape fondamentale.»

Pourquoi prendre ce virage maintenant ? Parce que l’huma- nité n’a jamais été aussi connectée: on a nos téléphones intelligents, nos réseaux sociaux, et nombre d’entre nous travaillent ou se forment en ligne. Ça s’est accéléré depuis la pandémie, avec la généralisation de la visioconférence et de l’infonuagique. Avec l’internet des objets, le 4.0 concerne directement les entreprises.Il s’agit d’une transfor- mation numérique qui nous arrive d’Europe. Mario Poirier est conseiller d’affaires principal chez Inno-centre. Il ose parler de révolution : « Au début des années 2000, les Allemands ont lancé le concept à la foire de Hanovre, qui est l’événement mondial le plus important pour le secteur manufacturier, explique l’ingénieur en automatisation et contrôles et conseiller chez Inno-centre. C’est avant tout un concept d’intégration cyberphysique. »

AGILITÉ, CONNECTIVITÉ, FLUIDITÉ

Les entreprises qui adoptent des principes d’industrie 4.0 réagissent plus rapidement, leurs équipes échangent avec agilité, l’information est partagée de manière transparente entre les systèmes, les usines, les équipes et les partenaires externes; et ce, même si leurs usines ou leurs bureaux sont éloignés de 2000 kilomètres. On parle peut-être de technologie, mais l’humain demeure au centre de cette transformation.

«L’industrie 4.0, c’est davantage lié à la connectivité de la main-d’œuvre, ajoute George Sabbagh. Elle permet un transfert de connaissances plus adapté et intéressant, amé- liore la productivité, réduit les accidents de travail, facilite les apprentissages. Par exemple, au lieu de lire des textes pour apprendre comment fonctionne un robot, on peut suivre des vidéos et le manipuler à l’aide d’icônes sur une tablette ; plus besoin de suivre un cours au Texas ou de détenir un diplôme en robotique. C’est souvent presque un jeu vidéo.»

L’industrie 4.0 permet aussi d’exploiter les données four- nies par les technologies connectées entre elles. On peut donc mesurer la performance pour chaque machine ou département, évaluer les gains ou les pertes de temps ou de fournitures et alimenter les systèmes de gestion ou de comptabilité. Elle intègre des technologies comme l’info- nuagique, les robots, la cybersécurité, la réalité augmentée, l’impression 3D, l’informatique en périphérie de réseau et, évidemment, l’intelligence artificielle.

L’intelligence artificielle est au cœur de cette connecti- vité: elle permet d’analyser des montagnes de données et, surtout, d’éliminer des tâches répétitives ou, mieux, d’effectuer des prédictions pour améliorer la production. Elle offre aussi des applications simples qui ont d’impor- tantes répercussions, comme la gestion automatisée des courriels, des candidatures ou des systèmes de chauffage, de climatisation et d’éclairage. «L’industrie 4.0 est intime- ment liée au développement durable, car elle implique des changements de processus et de comportement qui affectent la consommation énergétique, la production de déchets, les habitudes de travail », ajoute George Sabbagh. Elle élimine les tâches répétitives et permet de reclasser le personnel dans des emplois plus satisfaisants. «Ça augmente la productivité et ça améliore la rapidité de la prise de décision. C’est comme passer d’un vilebrequin à une perceuse reliée au cloud», explique Jean Rivard, vice-président chez Inno-centre.

UN VIRAGE NÉCESSAIRE
AVEC LA CRISE LOGISTIQUE
Pour Jean Rivard, le virage va propulser les entreprises qui l’adopteront, et celles qui ne suivront pas la parade seront menacées. «Avec la crise logistique, la pandémie a accé- léré la sensibilisation des entrepreneurs sur ces questions, poursuit-il. Plus que jamais, l’entreprise a besoin d’un cadre de décision rapide. Sans la numérisation, il est plus difficile de prévoir l’approvisionnement, la fabrication ou les ventes. C’est une chaîne de valeur continue. »

Pour prendre le virage, les entreprises bénéficient d’aides gouvernementales, comme le programme ESSOR, qui leur permet d’évaluer leur maturité numérique et d’obtenir un audit comprenant des recommandations. L’entreprise peut alors prioriser les mesures en fonction de sa situation, sa culture, ses opérations et, surtout, ses objectifs. Le proces- sus inclut une modélisation financière et des échéances qu’on espère réalistes. Une fois les constats établis et la modélisation financière réalisée, l’entrepreneur peut solli- citer ses prêteurs. Québec a aussi prévu des subventions. «On ne doit surtout pas mettre les opérations en péril, insiste Mario Poirier. Il faut y aller de manière progressive et le transfert doit se faire délicatement, en impliquant les employés. »

George Sabbagh renchérit : « Les employés doivent être engagés dans le processus, car on change leur vie. On doit lutter contre une certaine résistance au changement, identifier les goulots ainsi que les champions dans chaque département. Mais si le virage est bien fait, les résultats sont incontestables.»

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