À chacun son potager!
Publié sur le site web du Journal des Voisins, 22 avril 2023
Les gens d’Ahuntsic-Cartierville sont des agriculteurs urbains passionnés, si on se fie à des travaux de recherche récents et au grand nombre de potagers dans l’arrondissement.
Ainsi, une analyse cartographique dénombre 1916 potagers individuels, dont 11 serres, cumulant une surprenante superficie totale cultivable de 36 145 mètres carrés (3,6 acres, ou l’équivalent de 8 terrains de football), selon une enquête du Carrefour de recherche, d’expertise et de transfert en agriculture urbaine (CRETAU) publiée l’an dernier.
Cette superficie totale représente 0,17 % de celle de tout l’arrondissement (21,72 km2). La densité est de 88 jardins par km2.
La superficie moyenne des jardins est de 19 m2, soit 7 m2 de plus qu’un espace moyen de stationnement. La superficie la plus fréquente est de 10 m2, qui est aussi la médiane dans l’arrondissement.
Le plus grand jardin citoyen privé fait 130 m2 (assez pour stationner 10 voitures) et le plus petit 1 m2 (soit juste assez de place pour deux personnes assises).
Saint-Simon très cultivé!
Le quartier où l’on retrouve, de loin, la plus forte densité de potagers domestiques est Saint-Simon, avec 359 jardins totalisant 6 510 m2. Cartierville arrive deuxième, avec un grand nombre entre les boulevards l’Acadie et O’Brien, mais en faible concentration. Le secteur de Sault-au-Récollet à l’est de Papineau arrive troisième. Cela s’explique-t-il par une présence plus importante, dans ces zones, de citoyens issus de l’immigration? L’étude ne le dit pas.
Même si on retrouve des potagers partout sur le territoire de l’arrondissement, c’est dans le secteur de Saraguay où on en retrouve le moins.
Déserts cultivables
Certaines zones sont complètement dépourvues de potagers, comme le District Central entre Sauvé et Chabanel, entre l’Acadie et l’autoroute des Laurentides, et entre Saint-Laurent et Berri, ainsi que le quartier de Saint-Sulpice, entre la rue de Louvain et le chemin de fer du Canadien Pacifique, et le sud du quartier André-Grasset.
Dans ces zones se multiplient les immeubles industriels, commerciaux et institutionnels, parfois de très grande taille, ainsi que le Marché Central. Ironiquement, le District Central abrite la plus forte concentration d’entreprises d’agriculture urbaine au pays.
Les potagers sont aussi presque absents au nord du boulevard Henri-Bourassa, entre la rue Tanguay et le boulevard Saint-Laurent, ainsi que dans un des secteurs les plus pauvres de Montréal, la RUI de Cartierville (entre Lachapelle et Grenet, ainsi qu’entre Salaberry et le futur REM, à l’ouest du parc Louisbourg). Ce secteur est dominé par des immeubles locatifs et commerciaux de grande taille.
Les terrains des grands immeubles institutionnels publics sont évidemment dépourvus de potagers privés: Pavillon Albert-Prévost, Hôpital du Sacré-Cœur, Prison de Bordeaux, ancienne prison de Tanguay, anciennes installations du ministère des Transports, boulevard Henri-Bourassa, STM, Complexe sportif Claude-Robillard, Collège Bois-de-Boulogne, Collège Ahuntsic, poste Charland d’Hydro-Québec, voirie de Montréal, École Dominique-Savio, future gare du Ruisseau du REM.
NDLR: Pour voir la carte en grand format, rendez-vous sur le site du CRETAU: bit.ly/3JUNGya
Cet article a été publié dans la version imprimée du Journal des voisins, le Mag papier d’avril-mai 2023, à la page 26. Il fait partie du Dossier Agriculture urbaine, duquel plusieurs autres articles sont reproduits.
1- Ahuntsic, premier de classe en agriculture urbaine!
2- LN Saint-Jacques, DG de la Centrale agricole
3- La Centrale agricole: terreau fertile
4- Des nouvelles de la Ferme de Rue Montréal